"Dans certains villages, 50% des logements sont loués": les autorités veulent sévir contre Airbnb

Face à Airbnb, les centres-villes craquent. Et sévissent. Plusieurs municipalités ont décidé de légiférer contre la plateforme de location touristique. A Saint-Malo, la municipalité a instauré des quotas par quartier, seuls 12,5% des logements de la ville fortifiée peuvent être loués. La ville d'Annecy prévoit un nouveau régime de location de meublé touristique avec des zones permettant de louer ou non son logement.
Car entre les désagréments causés par des locataires peu soucieux du voisinage et les impacts sur l'immobilier avec des quartiers entièrement réservés aux meublés touristiques, la coupe est pleine: "Entre les valises qui arrivent le matin, les fêtes à répétition, les odeurs de mégots, c'est pire que l'enfer", peste Sarah Saldmann sur le plateau des "Grandes Gueules", qui a vécu ça dans son voisinnage.
"Agir sur les Airbnb est difficile"
C'est pour ces raisons que la coordination nationale des collectifs citoyens, une association en regroupant une vingtaine et créé en avril, part à l'assaut de la location de meublés touristiques, demandant notamment l’extension du nombre de communes classées en zone tendue pour permettre des mesures de régulation
Mais la tâche s'annonce ardue. "Agir sur les Airbnb est difficile", reconnaît Annaïg Le Meur, députée Renaissance du Finistère. "Au début c'était une nécessité parce que l'offre hôtelière était insuffisante et cela permettait un complément financier", explique sur RMC et RMC Story l'élue. "Mais cela a complètement déséquilibré le système. Dans certains villages bretons, il y a 50% de logements loués sur Airbnb, ce sont des villages vacances. Et dans certaines régions, les gens ne peuvent plus se loger là où ils travaillent", déplore Annaïg Le Meur.
"Rendre plus juste la fiscalité"
Une proposition de loi portée par la députée visant à encadrer ces locations vient d’être reportée. Censée être examinée le mois dernier, elle a été décalée au 12 juin et désormais, plus aucune date n’est fixée, après une décision de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale.
Ce texte transpartisan poussé également par des élus socialistes veut renforcer la compétence des municipalités en zone tendue pour leur permettre de fixer des quotas de nuitées des locations de courtes durée, conditionner la location touristique aux performances de diagnostic énergétique, comme les locations classiques et modifier la fiscalité.
"Nous voulons rabaisser les avantages fiscaux. Car en louant un logement classé, on peut bénéficier de 71% d'abattement fiscal. Ce rabais est là pour rééquilibrer et pour rendre plus juste la fiscalité", explique Annaïg Le Meur.