Diminuer le nombre d'élus locaux, une bonne idée?

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Invités à participer à la première Conférence nationale des territoires, au Sénat, les élus locaux présents n'ont pas été déçus du voyage. Emmanuel Macron leur a demandé plus d'économies que prévues (13 milliards d'euros d'ici 2022, contre 10 annoncés pendant la campagne présidentielle) et leur a annoncé qu'il souhaitait réduire leur nombre. Il y a aujourd'hui en France près de 550.000 élus locaux. Réduire leur nombre, une bonne idée? RMC a posé la question à plusieurs d'entre eux à l'issue de la Conférence.
"Des doublons dans les grandes villes"
Il y a ceux qui y sont favorables, comme le député Les Républicains du Vaucluse, Julien Aubert. "Il faut faire fusionner les petites communes de manière à avoir des communes nouvelles. Il faut aussi limiter le nombre de conseillers des intercommunalités en les faisant élire démocratiquement. Et je pense que dans les communes rurales de moins de 5.000 habitants on peut avoir moins de conseillers municipaux sans porter atteinte à la démocratie", déclare-t-il. En contrepartie, Julien Aubert verrait bien une hausse des indemnités des élus. "Il faudrait que cette réduction s'accompagne aussi d'une réflexion sur l'indemnité qui va avec les fonctions qu'on occupe".
Didier Guillaume, président du groupe PS au sénat, pense lui aussi qu'il peut être bon de s'adapter aux tailles des communes. "Il y a des grandes villes et des intercommunalités pour lesquelles les élus peuvent faire doublon". Mais attention, rappelle-t-il, "on ne gère par la France à Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux, comme on la gère à Mirmande (Gers) ou dans un petit village de la Drôme".
"Ceux qui resteront auront une charge de travail supplémentaire"
Jean-Louis Moudenc, le maire LR de Toulouse, est au contraire contre la baisse du nombre d'élus locaux. "Si on veut réduire leur nombre, comme les problèmes ne seront pas réduits, ceux qui resteront auront une charge de travail supplémentaire. Je crains qu'à ce moment-là on décourage des gens qui préférèrent garder leur qualité de vie plutôt que de se présenter. Il y a un travail silencieux, permanent des élus locaux, qui est je crois une des richesses du pays. Il ne faudrait pas déstabiliser tout ça".
"Je ne vois pas en quoi la diminution du nombre d'élus permettrait de résoudre les problèmes", poursuit Arnaud Duranthon, maître de conférence à l'université de droit de Strasbourg et spécialiste en droit des collectivités territoriales. Pour lui, le président de la République veut réduire le nombre d'élus mais sans savoir vraiment pour quelle finalité. "Il s'agit simplement de réduire le nombre d'élus parce que ce serait populaire. L'argument est utilisé pour faire la même chose au niveau des collectivités que ce qui va être réalisé au niveau de l'État, s'agissant de l'Assemblée nationale et du Sénat. Je ne vois pas en quoi c'est un argument puisque l'on n'a pas de visée particulière qui soit dessinée".