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"En quoi c'est 'limite'?": les buralistes en colère contre "Carklop", le fondateur se défend et assume

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Une toute nouvelle plateforme de covoiturage a vu le jour la semaine dernière. Depuis jeudi dernier, "Carklop" permet, comme son nom l'indique, de partager un trajet pour aller à l'étranger acheter du tabac moins cher. De quoi faire encore plus d'économies et par la même occasion faire hurler les buralistes qui dénoncent une concurrence déloyale.

Faire du co-voiturage, non pas pour voyager, mais pour aller à l'étranger acheter des produits vendus moins chers, notamment l'alcool ou les cigarettes. L'idée peut paraître étonnante, et pourtant, c'est désormais possible. Une plateforme lancée jeudi dernier, met en relation les individus pour effectuer ces voyages à plusieurs et économiser de l'argent avec le déplacement.

Appelée “Carklop”, elle connaît déjà un certain succès avec près de 700 inscrits, au grand dam des buralistes qui dénoncent une concurrence déloyale. Christelle fume un paquet de cigarettes par jour, cela lui coûte 450 euros par mois. Un sacré budget pour cette maman célibataire qui habite à deux heures de la frontière italienne où le paquet coûte moitié moins cher. Alors elle trouve le concept du site génial.

“Je m’y suis inscrite et je vais proposer des trajets réguliers à raison d’un trajet tous les deux mois environ”, souligne-t-elle.

Elle compte proposer des allers-retours entre 25 et 30 euros. De quoi rentabiliser son trajet, en plus de diviser son budget cigarettes par deux. “Le budget passerait à 200 ou 230 euros environ. C’est énorme”, juge-t-elle.

"Je n’irais pas à dire que je mérite une médaille, mais..."

Pour le créateur de la plateforme, Philippe Poulard, il ne s’agit que de mettre en relation des consommateurs voulant faire des économies, en toute légalité. "Quand on ne respecte pas la loi on a des problèmes", s'amuse-t-il ce lundi 15 septembre sur RMC, reconaissant que le nom de sa platerforme est "un peu provocateur".

Il estime qu'il "redonne le sourire" aux consommateurs touchés par la crise du pouvoir d'achat. "Est-ce que c'est moi qui met les taxes?", interroge-t-il avec un sourire.

“Du moment qu’on fait faire des économies au Français tout en restant dans la légalité, on devient 'border'?", poursuit-il, taclant la "fiscalité énorme" de la France.

"Je n’irais pas à dire que je mérite une médaille, mais d’un côté, on a quelques buralistes pas contents et de l’autre, on a des milliers voire peut-être un jour des millions de Français qui me diront ‘merci, je fais 300 à 500 euros d’économie’... Je ne vois pas en quoi c’est 'border'”, argument -t-il ce lundi matin sur RMC.

Sa plateforme touche une commission de 15% par trajet.

L'acteur du jour : Philippe Poulard - 15/09
L'acteur du jour : Philippe Poulard - 15/09
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Colère des buralistes

Et pourtant le site fait grincer des dents. “Le propriétaire de la plateforme dit vouloir défendre le pouvoir d’achat, mais ce n’est pas qu’un des sujets liés au tabac. C’est l'alcool et les produits alimentaires. Donc c’est toute la chaîne du commerce de proximité qui se retrouve impactée par cette démarche”, estime Philippe Coy, le président de la confédération des buralistes.

Le syndicat réfléchit à des actions légales contre la plateforme, que son président espère voir fermer.

Lou Garnier avec Guillaume Descours