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"On est les 'Nicolas qui paie'": les patrons vraiment prêts à manifester contre le gouvernement?

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Le Medef menace de mobiliser ses forces et de manifester si les impôts venaient à augmenter. Une aubaine pour les petits patrons et artisans dont certains se refusent à défiler avec les syndicats encore mobilisés ce jeudi 18 septembre.

C'est assez inédit pour être souligné. Le patron des patrons, Patrick Martin, le boss du Medef, appelle à "une grande mobilisation patronale" en cas de hausse des impôts sur les entreprises notamment. Une manifestation pour permettre aux patrons de se mobiliser sans les syndicats qui ont déjà prévu de battre le pavé ce jeudi 18 septembre.

Car si les revendications se rapprochent, la fracture est trop forte entre patrons et salariés. Pour Ludovic, chef d'entreprise dans le Var, impossible de défiler dans les cortèges traditionnels: "On aimerait être dans ces manifestations pour dire qu'on paie trop de charges et que c'est compliqué pour les PME", explique-t-il ce lundi sur RMC et RMC Story.

Celui qui travaille dans le secteur de l'énergie et qui emploie 7 salariés se dit prêt à donner des jours pour manifester sauf si c'est à l'appel des syndicats: "Ceux qui sont dans ces manifestations n'ont pas les mêmes valeurs que nous", regrette Ludovic.

"Ces gens n'ont aucune valeur de l'argent"

"On est les 'Nicolas qui paie', on ne veut pas manifester avec des gens qui n'ont aucune valeur de l'argent, qui ne comprennent pas ces chiffres, ne connaissent pas nos convictions".

La fracture est aussi idéologique estime Ludovic: "On ne veut pas aller dans des manifestations où le drapeau français est arraché. C'est super important. Il ne faut pas oublier ce que les anciens ont fait pour ce drapeau", poursuit cet ex-militaire.

Le 3216 RMC : Mobilisation des patrons, êtes-vous d'accord ? - 15/09
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La contre-mobilisation du Medef séduit en tout cas dans les rangs des artisans. Pour Francis Dubrac, patron d’une entreprise du BTP, ce serait une première: "Je n’ai jamais pris de position ni politique ni syndicale, mais je pense que la situation est grave", assure-t-il.

Si le Medef envisage une mobilisation sous forme de meetings, il affirme être prêt à descendre dans la rue: "Avec des rassemblements devant un ministère ou nos préfectures, j’aurais l’impression d’avoir une action citoyenne".

Alerte sur la situation économique des entreprises

Car il est hors de question que les impôts des entreprises augmentent pour le Medef. Un constat partagé par Marc Sanchez, président du syndicat général des indépendants: "Je pense à la hausse de la taxe foncière pour les commerçants, l’impôt sur les sociétés, tous les impôts locaux qui pèsent sur les petites entreprises".

Pour lui, une hausse des prélèvements serait synonyme de faillite pour de nombreuses petites entreprises: "On pourrait avoir 70.000 dépôts de bilan d’ici la fin de l’année". Marc Sanchez constate aussi que même s'ils ne font pas faillite de plus en plus de chefs d'entreprises jettent l'éponge.

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu tente de désamorcer la situation politique et sociale délicate dans laquelle il se trouve. Il doit rencontrer à Matignon les syndicats ce lundi, CGT en tête, puis deux organisations patronales, la CPME et l'U2P mardi.

Philippine Boulet avec Guillaume Dussourt