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ExxonMobil ferme son activité chimie à Port-Jérôme: "Nous avons un absent, c'est le gouvernement"

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Depuis sa démission, "nous n'arrivons plus à avoir l'assurance que le gouvernement appuie les salariés et le territoire", a regretté ce jeudi sur RMC le député socialiste Gérad Leseul. Ce dernier est revenu la suppression, annoncée en avril, de 647 emplois de l'activité pétrochimie d'ExxonMobil sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine. Mardi, les syndicats ont refusé le PSE présenté par l'entreprise.

"Nous avons un absent aujourd'hui, c'est le gouvernement", a regretté ce jeudi 8 août Gérard Leseul, député socialiste de Seine-Maritime, à propos de la fermeture de l'activité pétrochimie d'ExxonMobil sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine. Au micro de RMC, celui-ci a estimé que "nous n'arrivons plus à avoir l'assurance que le gouvernement appuie les salariés et le territoire".

Le groupe américain avait annoncé la suppression de 677 emplois en France dont 647 concernés à Port-Jérôme-sur-Seine, soit la quasi totalité de l'activité pétrochimie du site, qui intervient dans la fabrication du plastique, caoutchouc et autres résines.

Un PSE refusé par les syndicats

Mardi, les quatre syndicats représentatifs de l'entreprise (FO, CFDT, CGT et CFE-CGC) ont refusé de signer le PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) proposé par la direction. Les négociations s'étaient terminées le 26 juillet, le 6 août étant la date butoir fixée par ExxonMobil obil pour signer un accord.

Le budget global du PSE serait de 153 millions d'euros, selon France 3 Normandie. "ExxonMobil, c'est le premier pétrolier au monde. Quand on voit les mesures de départ pour les plus jeunes, c'est inacceptable. Ils peuvent lâcher un peu plus de ronds aux gens pour repartir sur une base meilleure!", a fustigé au micro de RMC Germinal Lancelin, secrétaire de la CGT Pétrochimie.

Une activité "économiquement non-viable"

L'entreprise avait justifié sa décision dans un communiqué invoquant des unités pas "économiquement viables". Auprès de France Bleu Normandie, elle avait également mis en avant la "concurrence asiatique" et une "configuration du vapocraqueur", qui le rend "non compétitif".

À l'époque, le ministre de l'Industrie Roland Lescure avait réagi, déclarant que la fermeture était "terrible pour les salariés et leurs familles". "Le groupe a une obligation absolue de proposer des perspectives de reclassement pour les salariés et de valorisation pour le site."

"Ministres absents"

Si Gérard Leseul a confirmé avoir eu des "contacts réguliers avec le ministre", évoquant une "rencontre mise en place toutes les deux semaines avec son cabinet", le député socialiste a déploré depuis la dissolution des "ministres absents". Contacté par Le Monde, l'entourage de Roland Lescure affirme qu'"un certain nombre d'échanges ont eu lieu entre [le ministre] et la direction d'ExxonMobil aux Etats-Unis pour que l'accompagnement des salariés soit exemplaire".

Pas suffisant pour deux élus communistes de Seine-Maritime, qui ont écrit à Emmanuel Macron le 24 juillet, demandant au président de la République de se pencher sur le PSE proposé par ExxonMobil. "Maintenant qu'il n'y a plus de gouvernement, c'est au président qu'il revient de reprendre le dossier. C'est pourquoi nous avons écrit à Emmanuel Macron, mais il ne nous répond pas", ont expliqué auprès de France Bleu Normandie Céline Brulin et Jean-Paul Lecoq, sénatrice et député PCF de la Seine-Maritime.

"Le président a demandé une trêve politique pendant les JO mais c'est pas pour ça qu'il faut s'arrêter de bosser!", ont fustigé deux élus communistes de Seine-Maritime.

Des entreprises sous-traitantes affectées

Gérard Leseul a plaidé pour que "élus locaux, nationaux et le gouvernement se mobilisent pour faire entendre raison à l'entreprise", car au-delà des 647 emplois supprimés à Port-Jérôme-sur-Seine, la suppression de l'activité pétrochimie va, selon lui, "fortement impacter dans le territoire une douzaine d'entreprises parmi les 75 sous-traitantes".

L'élu a pointé la "responsabilité" de l'entreprise américaine, l'enjoignant à "consacrer son argent frais", évoquant notamment la vente de la raffinerie de Fos-sur-Mer (Boûches-du-Rhône) mais aussi son profit de 116 millions d'euros au premier semestre 2023.

Sans accord, la direction peut décider de rouvrir les négociations ou bien de présenter un PSE unilatéral qui devra être validé par la Dreets (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités), d'ici le 16 septembre.

Léo Manson