Fiscalité des entreprises: le Medef ouvert à la discussion, mais sous conditions

Le Medef se dit désormais ouvert à discuter d’une augmentation de la fiscalité sur les entreprises avec le gouvernement, mais sous conditions. C’est son président Patrick Martin qui l’a affirmé hier soir dans une interview accordée au Parisien. Faire de la politique est un rôle assez nouveau pour un président du Medef, qui depuis le milieu du mandat de François Hollande pouvait compter sur des politiques favorables aux entreprises. Mais le Medef doit réapprendre à se battre face à un gouvernement qui envisage de ponctionner plus.
Alors il pose des conditions. La première, c’est que l’Etat balaye devant sa porte en taillant dans les dépenses inutiles, en faisant plus d’efforts que les entreprises. Ça ne mange pas de pain, mais ça sert à rien.
Evite une surtaxe exceptionnelle de l'impôt sur les sociétés
Quels efforts les entreprises sont-elles prêtes à consentir? La stratégie est simple: éviter les hausses d’impôts supplémentaires là où les entreprises sont déjà surtaxées (et les entreprises françaises sont les plus taxées au monde), faire des concessions sur des aides dont bénéficient les entreprises et souvent plus qu’ailleurs.
Donc une surtaxe exceptionnelle de l'impôt sur les sociétés, dont le taux a été ramené de 33% à 25% depuis 2017, c’est non puisque c’est pénaliser la classe moyenne des entreprises. Pourquoi pas une contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises, et certaines ont déjà dit oui. Ou une taxe sur les rachats d’action.
Un coup de rabot sur les aides
Par contre, les entreprises vont devoir aussi accepter un coup de rabot sur les aides. Pas de gaité de cœur, mais Patrick Martin sait qu’il ne pourra pas y échapper: le CIR (2 à 3 milliards d’euros à gratter), l’apprentissage (4 ou 5 milliards d’euros mal ciblés).
Le sujet le plus sensible, c’est les allègements de charges sur les bas salaires. Pourquoi pas les lisser et éviter les effets de seuils pour sortir du piège de la smicardisation (rapport Bozio-Wassmer), mais pas question de les réduire. On parle d’une réduction de 4 milliards d’euros.