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Économie

François Bayrou veut sensibiliser mardi aux "pathologies" des finances publiques

Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Élysée le 3 janvier 2025

Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Élysée le 3 janvier 2025 - Bertrand GUAY / AFP

Sensibiliser les Français aux "pathologies" budgétaires de leur pays: François Bayrou convoque mardi une conférence sur les finances publiques, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l'assaut protectionniste des Etats-Unis.

Cette grand-messe organisée par le Premier ministre réunira notamment les ministres Eric Lombard (Économie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), des parlementaires, des organismes de Sécurité sociale ou encore des collectivités locales. "La France traîne des pathologies, (...) ou en tout cas des déséquilibres depuis des décennies. Allez, disons depuis 30 ans", a déclaré François Bayrou en marge d'un déplacement vendredi.

"Ils sont d'autant plus difficiles à traiter que nous sommes entrés en temps de crise. Et nous allons cependant les exposer aux Français pour partager avec eux (...) tous les risques" inhérents à la confection du prochain budget, a-t-il poursuivi.

Cet état des lieux de l'endettement et du déficit de la France, parmi les plus élevés en Europe, ne devrait toutefois pas déboucher sur des annonces concrètes.

Après des échanges prévus à huis clos, François Bayrou devrait s'exprimer lors d'une conférence de presse, alors que le gouvernement s'apprête à présenter en conseil des ministres mercredi son plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT). Ce document, adressé à la Commission européenne, présente la trajectoire budgétaire du pays pour les années à venir.

"Quoi qu'il arrive"

Cette conférence se tiendra au lendemain d'un premier "conseil des entreprises" à Bercy, une nouvelle instance de travail régulière avec les organisations patronales. Eric Lombard a promis d'accompagner les entreprises ébranlées par les droits de douane américains, tout en prévenant: "le temps du quoi qu'il en coûte est terminé". Selon Amélie de Montchalin, l'heure est désormais au "quoi qu'il arrive", illustrant une volonté ferme de tenir le cap budgétaire.

Le contexte est difficile pour l'économie française, ébranlée comme celles de nombreux autres pays par le conflit commercial déclenché par les États-Unis, qui s'ajoute à l'instabilité politique interne. La prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été rabotée à 0,7%, après 1,1% en 2024.

Malgré cette perspective plus morose, le gouvernement entend toujours ramener le déficit public à 5,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année, après 5,8% en 2024. Pour éviter un nouveau dérapage après deux sorties de route en 2023 et 2024, il a annoncé mercredi un effort supplémentaire de réduction de la dépense de 5 milliards d'euros. Dimanche, le locataire de Bercy a suggéré qu'il était "possible" que les efforts additionnels soient supérieurs aux cinq milliards d'euros prévus.

Effort "très considérable" en 2026

Le Premier ministre François Bayrou a cité "la nécessité d'une augmentation du taux d'emploi des seniors" dans un communiqué jeudi. Sont également régulièrement évoqués dans le débat, notamment par le patronat, un effort éventuel des retraités, une hausse de la TVA ou le financement de la Sécurité sociale.

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a, elle, évoqué "des pistes à explorer en termes de protection sociale, mais aussi de fiscalité", dans un entretien publié dimanche dans le quotidien Les Echos. "On ne peut avoir autant de bouleversements et de défis et garder le même discours qu'en 2017: faire des efforts et des réformes sans toucher aux impôts", a-t-elle estimé.

Par ailleurs, la France va devoir réaliser "un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros" l'an prochain, un engagement "très considérable", sous forme "essentiellement" d'économies, nécessaire pour atteindre son objectif de déficit public, a encore annoncé dimanche Eric Lombard sur BFMTV.

"Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès mardi", a lancé Eric Lombard. Il a par ailleurs dit "souhaiter" que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d'imposition de 20%, soit "pérenne".

"Le Premier ministre s'est engagé, le président de la République également, (...) à ne pas augmenter les impôts", a rappelé Sophie Primas au "Grand Jury" RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat dimanche.

C.A avec AFP