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Économie

Guerre en Ukraine: dans les usines françaises d'armement, la hausse de la demande est difficile à suivre

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Pour Emmanuel Macron, le soutien à Kiev n'a "aucune limite". C'est ce qu'il a dit aux chefs de parti réunis à l'Élysée jeudi matin. Pourtant, des limites, il en existe. Et elles sont logistiques, car nos usines de production de matériels militaires peinent à suivre la cadence. La demande est trop forte, la croissance trop brutale.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a récemment annoncé jusqu’à 3 milliards d’euros d’aides à l’Ukraine en 2024. Sauf que, dans les usines de production de matériels militaires, ça coince encore. La croissance est trop brutale. Exemple aux Forges de Tarbes, où les employés craignent de ne pas pouvoir honorer les commandes.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, cette usine d’armes produit des obus. Mais doubler la production, c’est impensable pour Josiane Fretier, déléguée CGT du personnel, qui pointe la vétusté de l’usine.

“On est bloqués par des pannes récurrentes, par un manque cruel de maintenance. Donc monter en capacité, c’est impensable”, appuie-t-elle.

Pourtant, les délais seront tenus, assure la direction. Mais moderniser l’usine pour optimiser la production, ça prend du temps selon le patron des Forges de Tarbes, Jérôme Garnache. “C’est impossible de réaliser l’ensemble des investissements. La livraison, par exemple, d’un centre d’outillage, ça prend entre 9 et 18 mois”, pointe-t-il.

Plusieurs usines d'armes vont se moderniser

Alors, la France peut-elle honorer les promesses de livraisons de matériel militaire? Oui, selon Léo Péria, chercheur à l’Ifri, à condition de continuer les investissements.

“C’est difficile parce que l’industrie de défense s’est adaptée à la demande des 30 dernières années. Donc elle s’est mise à produire très lentement. Il faut pouvoir lui assurer des commandes et une visibilité suffisante à moyen terme pour qu’elle puisse emprunter et faire les investissements nécessaires pour monter en puissance”, décrypte-t-il.

Plusieurs usines françaises peuvent désormais se moderniser en 2024. Parmi elles, les Forges de Tarbes, l’usine de production de missiles de Bourges ou encore la poudrerie de Bergerac qui fournit toute l’Europe.

Pierre Bourgès avec Guillaume Descours