Guerre en Ukraine: quel est l’impact sur le pouvoir d’achat en France?

Trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, on commence à avoir des estimations de ses répercussions sur le pouvoir d’achat. Son évolution se mesure en observant d’un côté la trajectoire des revenus (salaires, retraites, prestations sociales) et de l’autre celle de l’inflation et des impôts.
Le début d’année 2022 a été difficile pour le pouvoir d’achat. Certes, il y a eu le bouclier tarifaire sur les tarifs réglementés de vente du gaz et de l’électricité (sans plafonnement à 5,5, et 4,5, les factures auraient augmenté de 55 et 38% entre août et février), qui a permis de freiner l’inflation à 3,6% alors qu’elle aurait atteint 5% sans le bouclier.
Mais malgré ça, le pouvoir d’achat a diminué au premier trimestre 2022, avec une baisse de 1,4 % par famille. Du jamais vu depuis fin 2012 et 1982, au cœur du deuxième choc pétrolier. Cela s’explique par le contrecoup de la prise en compte de l’indemnité inflation fin 2021. Sur six mois, c’est la baisse la plus forte depuis 2012 hors Covid.
Jusqu’où peut grimper l’inflation au cours des prochains mois?
Entre des prix de l’énergie toujours élevés, malgré la "remise à la pompe" étendus par le plan de résilience annoncé par Jean Castex mercredi, et des prix des produits alimentaires tirés à la hausse par les cours des matières premières et les hausses de tarifs passées lors des négociations entre producteurs et distributeurs, la hausse des prix pourrait se situer autour de 4,5 % entre avril et juin.
Si les prix se maintiennent aux niveaux actuels toute l’année, la facture énergétique totale atteindra 2 800 euros par famille sur l’année en moyenne, 900 euros
Peut-on espérer des bonnes nouvelles côté salaires?
Outre la nouvelle revalorisation du Smic de 0,9 % au 1er janvier, les salaires nominaux sont tirés par la prise en compte, dans les négociations salariales de nombreuses professions (effectives au printemps), des hausses de prix à la consommation et des difficultés de recrutement. Deux entreprises sur 3 annoncent une hausse substantielle des salaires dans l’industrie (construction, agroalimentaire), du jamais vu. Une nouvelle revalorisation du Smic, d’au moins 2 % est également probable compte tenu de la hausse des prix au deuxième trimestre. Presque 3% de hausse des salaires en début d’année, jamais vu depuis 2008.