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Économie

"Impossible de lutter": les petites stations-service s'inquiètent de l'autorisation de vente à perte

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Alors que la Première ministre, Élisabeth Borne, a indiqué vouloir autoriser les distributeurs de carburant de vendre à perte pour faire baisser les prix à la pompe, les indépendants contestent cette mesure. Ils estiment qu'elle avantage trop les gros groupes et qu'ils ne pourront pas lutter.

Inquiétude chez les pompistes indépendants. Dimanche, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé sa volonté de vouloir autoriser les distributeurs de carburant à vendre à perte pour faire baisser les prix à la pompe. Une initiative dénoncée par certains syndicats. Selon eux, cette mesure va favoriser les grandes surfaces qui pourront vendre à perte, mais va pénaliser les petites stations-service indépendantes, qui ne peuvent pas se le permettre.

Derrière sa caisse, Angel, pompiste dans une petite station essence à Villemomble, en région parisienne, est inquiet. Impossible pour sa station-service de vendre à perte, car son chiffre d'affaires dépend essentiellement de la vente de carburants.

“Sur dix clients, neuf achètent du carburant. Une personne se laisse tenter par des petits gâteaux, pour quelque chose en plus, c’est dérisoire”, indique-t-il.

Alors Angel a peur que les clients partent tous vers les grands groupes. “Ils vendent déjà à prix coûtant. Je pense qu’ils vont vendre à perte pour profiter de ça. Pour une petite société comme ici, c’est impossible de lutter. Ce sera la fin des petits commerçants et la victoire des grandes compagnies”, regrette-t-il.

"Ce n'est pas possible"

Et effectivement, à la pompe, où tout est à plus de 2 euros le litre, beaucoup prévoient déjà de changer leurs habitudes. Marie n’ira à cette station qu’en cas d’urgence. “Je vais faire mes petits pleins ici et puis les gros pleins, je vais ailleurs. Pas le choix”, indique-t-elle.

Bruno, le gérant de cette station, ne décolère pas. Pour lui, c’est au gouvernement d’agir.

“Sur 2 euros, il y a 1,30 euro de taxe… Ceux qui ont le pouvoir d’agir, c’est eux. Nous, on ne fait que quelques centimes. Donc si ces quelques centimes, il faut les renier et vendre à perte, se lever le matin et perdre de l’argent, ce n’est pas possible”, appuie-t-il.

Francis Pousse, le syndicaliste des pompistes indépendants, va rencontrer le ministre de l'Économie Bruno Le Maire ce lundi pour contester la mesure.

Johanna Chabas avec Guillaume Descours