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Économie

Avec l'autorisation des ventes à perte, faut-il s'attendre à des prix cassés sur les carburants?

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Le gouvernement va revenir sur une loi veille de 60 ans qui interdisait les distributeurs de carburants de vendre à perte. L'objectif de l'exécutif est de faire baisser les prix à la pompe. Mais les pompistes indépendants craignent que cette mesure n'avantage que les grandes surfaces.

C'est une interdiction vieille de 60 ans qui va être levée par le gouvernement. La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé que les distributeurs de carburants pourront vendre à perte, pour faire baisser les prix à la pompe. Le gouvernement travaille sur une loi à ce propos et espère un vote dans le courant du mois de novembre, disait ce dimanche la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Mais du côté des syndicats, l’initiative est dénoncée. Francis Pousse, le syndicaliste des pompistes indépendants, va rencontrer le ministre de l'Économie ce lundi et contester la mesure. Ce sont surtout les stations-service liées à des grandes surfaces qui pourraient avoir intérêt à jouer le jeu. Pour elles, les carburants sont un produit d'appel, une manière de capter des clients. Vendre de l'essence à perte pourrait donc être très intéressant, explique l'économiste Sylvain Bersinger.

“La grande surface ferait quelques pertes sur la vente de carburant et ensuite aurait une clientèle plus susceptible de faire ses courses dans le supermarché et donc pourrait rattraper la perte sur le carburant avec les ventes en rayon. Avec le risque que certains supermarchés augmentent un peu les prix pour rattraper ce qu’ils auraient perdu sur l’essence”, détaille-t-il.

Pas de baisse drastique

Le gain pour notre pouvoir d'achat pourrait donc être faible. D'autant qu'il ne faut pas s'attendre à voir le prix de l'essence baisser drastiquement.

“Ils ne vont pas vendre à des prix très faibles et perdre 20 ou 30 centimes par litre de carburant”, pointe-t-il.

Cela pourrait en revanche mettre en danger toutes les stations-service indépendantes qui ne vendent quasiment que de l'essence. Impossible de vendre de l'essence à perte sans sacrifier l'avenir du commerce. Et sans baisse de prix, les clients risquent de fuir pour trouver du carburant moins cher ailleurs.

Martin Bourdin avec Guillaume Descours