"Je ne récolte que des dettes": un petit patron sur deux se verse un salaire inférieur au SMIC

Le grand blues des patrons de TPE. D’après une étude du Syndicat des indépendants révélée par RMC ce jeudi, la plupart des chefs de très petites entreprises françaises ne sont pas au mieux de leur forme: plus de la moitié d’entre eux font face à des problèmes de trésorerie, et 40% se disent inquiets… Près d’un sur deux se verse un salaire inférieur au SMIC, pour une moyenne de 50 heures de travail par semaine. Une situation qui ne semble pas près de s’améliorer, avec l'instabilité politique actuelle.
Cette étude, réalisée auprès de 1608 dirigeants de TPE entre le 25 et 29 septembre, offre peu de raisons d'espérer une amélioration rapide. Selon les résultats, 55% d’entre eux sont confrontés à des problèmes de trésorerie, et 16% envisagent même de cesser leur activité d’ici la fin de l’année 2025.
À la tête de son salon d'esthétique lyonnais depuis 17 ans, Cindy Campoy peine de plus en plus à vivre de son métier: "On essaye de payer toutes nos charges, le loyer et les salariés... Ensuite, on récupère les miettes qui restent", confie-t-elle au micro de RMC. "Cela fait plusieurs mois, voire années, que je ne me verse pas de salaire."
"Il y a des mois où je fais du 7h30-22h30, et malgré ça, ça ne suffit pas. À la fin, je ne récolte que des dettes, clairement", déplore Alexis Cahn, patron d'une entreprise de plomberie et serrurerie à Rennes.
Moral en berne et avenir incertain
Cette précarité financière a un impact direct sur le moral des dirigeants: selon l'étude, 92% des patrons de TPE avouent ne pas aller bien. "On se remet sans arrêt en question, il faut sans cesse se rebooster. Je suis très dynamique, mais à un moment, il faut savoir si on continue ou pas", ajoute Cindy Campoy.
Des chefs d’entreprise qui ne comptent pourtant pas leurs heures pour faire survivre leur activité. "Il y a des mois où je fais du 7h30-22h30, et malgré ça, ça ne suffit pas. À la fin, je ne récolte que des dettes, clairement", déplore Alexis Cahn, à la tête d'une entreprise de plomberie et serrurerie à Rennes. "J’ai dû puiser dans mes réserves et demander de l’aide à mes parents."
Selon le Syndicat des indépendants, parmi les dirigeants se versant un salaire inférieur au SMIC, 51% comptent sur les revenus de leur partenaire, et 26% sur leurs économies personnelles ou leur retraite. Selon un baromètre de l'Ifop, les PME ont aussi vu leur situation se fragiliser avec les crises successives.