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Économie

"Je préfère aller sur internet": les soldes d'été ont-elles encore un intérêt?

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C’est ce mardi 22 juillet la fin des soldes d’été et on peut déjà faire un premier bilan, qui ne s’annonce pas très positif. Ces soldes d’été, commencées le 25 juin dernier, sont en recul de 5% par rapport à l’année dernière.

Des résultats décevants pour les soldes cette année. Alors qu’il ne reste que quelques heures pour profiter des dernières démarques jusqu'à ce mardi soir, les commerçants anticipent déjà un bilan morose.

Le chiffre d'affaires est en recul de 5% dans les magasins sur les trois premières semaines de soldes par rapport à l’année dernière, selon l'Alliance du commerce. Et même sur internet, on est à la peine, puisque le chiffre d’affaires des principales enseignes a reculé de 3% en comparaison avec les résultats de 2024.

Manque de budget

En cause, la baisse du pouvoir d’achat mais pas seulement. Les habitudes des consommateurs y sont aussi pour beaucoup. Les Français ont renoncé à faire des folies pendant les soldes. Ils ont moins consommé, moins fait tourner la carte et sorti les billets, la cadence a été ralentie. On dit souvent que c’est à cause de la météo, qu'il a plu ou qu'il a fait trop chaud, mais c’est surtout l’état de la confiance qui explique la chose.

Les soldes, il y a ceux qui ne les rateraient pour rien au monde comme Apetahi, 24 ans.

"Ca coûte moins cher et puis même c'est l'euphorie, c'est les soldes quoi, c'est attirant", explique la jeune femme.

Cécilia, elle aussi, aime faire les soldes. Mais cette année, elle a dû faire l’impasse, faute de budget: "Ca reste quand même cher avec tout ce qu'on a derrière, le loyer, les factures. J'ai pas trop le budget de me faire plaisir quoi".

Épargner plutôt que dépenser

Effectivement, les Français ont peur, de l’avenir, de l’économie, du futur budget, et préfèrent épargner plutôt que de dépenser. Ils mettent de côté en prévision de jours meilleurs. Résultat, le taux d’épargne a battu des records. 19% en moyenne, soit un niveau jamais vu depuis 45 ans.

Le gouvernement a même lancé un appel aux Français, leur demandant de consommer pour soutenir l’économie. Mais non, rien n’y fait. L’épargne se maintient et les soldes, malgré des rabais montant à plus de 60%, n’ont pas fonctionné.

Amateur de bons plans, Dany, lui, n’attend pas les soldes pour dénicher des produits à prix cassé. Ventes privées, déstockages, ou achats sur internet, les rabais c'est toute l’année: "il faut avoir du temps pour faire tous les magasins".

"Je préfère aller sur les sites internet où on trouve des prix qui sont quasiment similaires aux soldes", raconte-t-il.

Des modes de consommation qui évoluent, c’est une autre des raisons principales du manque d’engouement autour des soldes, analyse Yohann Petiot, directeur général de l’alliance du commerce. "On ne voit plus les files d'attente qu'on voyait il y a 10 ou 15 ans où les gens attendaient 1h à 1h30 devant le magasin pour faire de bonnes affaires. Ça malheureusement ça n'existe plus parce qu'il y a d'autres périodes promotionnelles".

Plus d'intérêt commercial

Et à cela s’ajoute la concurrence jugée déloyale de l’ultra fast-fashion. Ces géants chinois comme Shein ou Temu proposent des t-shirts, pulls ou encore pantalons à moins de 5 euros.

Tout cela a eu des conséquences pour l’économie. Si les Français ont peur de l’avenir et préfèrent épargner plutôt que consommer, le chiffre d’affaires des magasins n’augmente pas. D’ailleurs, 55% des commerçants indépendants interrogés au début du mois estimaient que les soldes n’auront aucun impact sur les ventes. Une majorité de petits commerçants estime même que les soldes n'ont plus d'intérêt commercial.

Et donc la croissance ralentit, le marasme s’installe, l’inquiétude grandit. L’économie ne repart pas. Conséquence, les Français ont peur, ils épargnent et ne consomment pas.

Les soldes sont un formidable révélateur de l’état de l’économie. Ça marche, ça tourne bien. Ça ne marche pas, il y a quelque chose qui cloche. Et là, on ne peut pas dire que ça soit très positif. Espérons que les prochaines, d’hiver, seront plus positives. Elles commenceront le 7 janvier 2026.

SG avec Tiphaine Dubuard et Pierre Rondeau