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"Ils ne roulent pas sur l'or": près d'un patron de TPE sur deux se rémunère à moins de 1.500 euros par mois

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INFO RMC - 47% des indépendants et des patrons de TPE, structures de moins de dix salariés, se rémunèrent à moins de 1.500 euros par mois selon l'état des lieux annuel réalisé par le Syndicat des indépendants.

Si nous savions déjà qu'un patron de PME touchait moins que le SMIC à la suite d'une enquête de la CPME parue la semaine dernière... La situation est encore pire pour les indépendants et patrons de TPE.

Selon l'état des lieux annuel réalisé par le Syndicat des indépendants auprès de 1.472 répondants, un document que RMC révèle en exclusivité, 47% des indépendants et dirigeants de très petites entreprises (moins de 10 salariés) gagnent moins de 1.500 euros par mois, c'est à dire à peine le SMIC, ou même moins.

Plus d'un quart à moins de 1.000 euros par mois

Les patrons de TPE et les indépendants sont même 27% à gagner moins de 1.000 euros par mois... c'est-à-dire qu'un quart de ces chefs d'entreprise vivent sous le seuil de pauvreté.

Et pourtant ces dirigeants (coiffeurs, épiciers, mécaniciens) ne comptent pas leurs heures puisque la moitié déclarent travailler plus de 50 heures par semaine. Sauf que beaucoup ont vu leurs revenus baisser en 2023.

"C'est le résultat d'une année 2023 qui a été très compliquée pour beaucoup de nos entreprises. Nous avons maintenant 50 % qui sont en déclin par rapport à 2022. (...) Et donc, inévitablement, cela a un impact sur les trésoreries et bien sûr sur la rémunération de nos dirigeants", analyse sur RMC Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des Indépedans et des TPE.

Et alors que 45% des répondants estiment que la période des fêtes de fin d’année s’est déroulée correctement pour leur activité, seuls 19% s’en estiment satisfaits. Une donnée qui coïncide avec les les bilans annuels: seulement 18% de ces patrons assurent que l'année 2023 était meilleure que 2022 en termes d'activité.

Le PGE, un handicap

En cause notamment, le remboursement des prêts garantis par l'Etat, les PGE contractés lors de la crise Covid qui pèsent lourd sur la trésorerie, mais aussi l'énergie avec des factures toujours très élevées, et l'électricité qui va encore augmenter de 10% en février.

"On a 68% des entreprises qui ont des difficultés à rembourser leur PGE", précise Marc Sanchez dans la Matinale Weekend.

"Le PGE, en moyenne, est une mensualité de 2.000 euros par mois. Ce que nous demandons, c'est la possibilité de le prolonger. Le gouvernement en a pris conscience, puisque le dispositif, via le médiateur du crédit, a été prolongé, puisqu'on a la possibilité de le prolonger à nouveau sur une période de trois ans. Mais ce dispositif n'est pas accessible à nos TPE, car il est très compliqué. Si on prend l'exemple de l'année dernière, cela ne concernait que 562 entreprises, et essentiellement des entreprises de plus de 50 salariés. Ce dont nous avons besoin, c'est que ce dispositif soit plus souple, le dispositif du médiateur, et qu'il permette effectivement un accès plus facile aux TPE, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", revendique Marc Sanchez.

"60.000 à 70.000 défaillances"

Le tableau est sombre, et selon cette étude cela se vérifie dans le pessimisme affiché par ces dirigeants : inquiets, désabusés, en colère, ils sont 85% à entamer cette année 2024 avec un état d'esprit négatif.

"Aujourd'hui, il y a une prise de conscience, je dirais, enfin! Maintenant, il faudra mettre en avant des solutions pour pouvoir au moins traverser cette année 2024, qui est encore assez complexe. Dans toutes les prévisions que nous pouvons avoir, il est annoncé environ 60.000 à 70.000 défaillances", déplore Marc Sanchez.

Ce dernier aimerait par ailleurs voir un allègement des contraintes administratives pour les patrons de TPE. Conforté par Manu, un auditeur de RMC et patron de petite entreprise, le secrétaire général du syndicat explique qu'un patron passe en moyenne huit heures par semaine à travailler sur ses papiers, soit un temps équivalant à 3% du chiffre d'affaires de son entreprise.

Victor Joanin, Alexis Lalemant