Le coup de gueule de Bernard Arnault salué par les patrons: "On est considérés comme des nantis"

La fronde entrepreneuriale lancée par Bernard Arnault font couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Le patron du groupe LVMH a déclaré, mardi, que la surtaxe d'impôt sur les sociétés envisagée par le gouvernement en 2025, qui doit rapporter 8 milliards d'euros à l'État, "poussait à la délocalisation".
La colère des entrepreneurs
Derrière lui, les chefs d'entreprise lui ont emboîté le pas directement pour se grouper contre cette mesure envisagée par le gouvernement de François Bayrou. "Nous pensons pareil, nous sommes tous en colère, une colère sourde. Parce que depuis la dissolution, c'est n'importe quoi au niveau du discours politique, on veut taxer plus en travaillant moins", dénonce Pierre Gattaz chef d'entreprise et ancien président du MEDEF, invité d'Apolline Matin sur RMC, jeudi.
"On fait perdre la confiance des chefs d'entreprises, qui partagent cette même inquiétude énorme, on va taxer tout ce qu'on peut alors qu'on doit baisser la dépense publique pour baisser les impôts", ajoute-t-il.
L'actuel président du Medef, Patrick Martin, a lui aussi considéré jeudi que le PDG de LVMH Bernard Arnault avait "raison", assurant que "la colère monte" parmi les adhérents du Medef.
"C'est démoralisant"
Interrogé sur RMC, jeudi, Nicolas, qui est le chef d'une entreprise de 12 salariés, trouve le contexte "démoralisant", regrettant que les patrons soient vus comme des "nantis". "C'est un enfer" de diriger une société en France, insiste-t-il même.
"Une fois qu'ils vendent leur entreprise, ils meurent les gens", promet Nicolas.
Dans ses déclarations, Bernard Arnault a notamment évoqué la tentation d'une délocalisation aux États-Unis. "On regarde tout ce qui se passe actuellement chez Trump. Il a plein de défauts, mais il a un petit avantage: il secoue le monde, il a besoin des entreprises profondément, il baisse les impôts, il a un discours motivant et enthousiasmant", soutient Pierre Gattaz, au micro d'Apolline Matin.
Vivement critiqué par la gauche
Au contraire, les propos du PDG de LVMH ont été vivement critiqués par l'aile gauche de l'Assemblée nationale. Le député de la Somme François Ruffin a notamment réagi sur X à propos de la référence que Bernard Arnault, présent lors de l'investiture de Donald Trump, a faite par rapport à la situation américaine: "La vérité, c'est que Bernard Arnault a pris plaisir au triomphe de Trump. Et rapporter en terre française la bonne parole évangélique venue des USA où deux milliardaires viennent de prendre le pouvoir avec pour objectif de réduire leurs impôts à eux, les milliardaires."
Le sénateur communiste Ian Brossat a, lui, qualifié, sur RMC jeudi, des propos "indécents". "On a Bernard Arnault, du haut de sa fortune de 200 milliards d'euros, qui vient chouiner. Il cherche à obtenir des assurances que cette taxe ne soit pas pérennisée", ajoute l'élu, alors que le gouvernement a reconnu "comprendre" la colère des patrons.