Les arrêts maladie remboursés plus tard par la Sécurité sociale? "On serait tous perdants"

Les arrêts maladie seront-ils bientôt remboursés plus tardivement par la Sécurité sociale? C'est l'une des pistes évoquées par le gouvernement auprès des organisations patronales et des syndicats ces dernières heures, alors que la facture des arrêts maladie a atteint 12 milliards d'euros l'an dernier.
Selon une information des Echos, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet propose de décaler le jour à partir duquel l'Assurance maladie prend en charge les arrêts de travail. Au lieu de 3 jours de carence, il y en aurait 7. Ce qui signifie une plus grande prise en charge par les entreprises et leurs assureurs, ou aucune indemnité pour les salariés sans accord d'entreprise.
"Pas une bonne nouvelle"
De quoi faire bondir les patrons. Aujourd'hui, ces derniers couvrent les 3 premiers jours d'arrêt maladie de leurs salariés, avant que la Sécurité sociale ne prenne le relai. Demain, le gouvernement voudrait leur faire payer jusqu'au 7ème jour. "La Sécurité sociale se décharge sur les entreprises, c'est pour ça qu'on n'est pas du tout d'accord", dénonce Michel Picon, président de l'organisation patronale U2P, Union des entreprises de proximité.
"Petites, moyennes, grandes entreprises, tous logés à la même enseigne. On serait tous perdants", s'offusque-t-il.
Il détaille: "les plus petites entreprises, ce seront elles qui vont devoir payer. Et pour ceux qui ont un contrat de prévoyance qui porte le remboursement pour l'employeur, vous imaginez bien que quand l'assureur paie, il récupère derrière sur les cotisations qu'il fait payer au entreprises. Donc ce n'est pas une bonne nouvelle".
Alors certes, il ne faut pas fermer les yeux sur ces salariés qui usent et abusent des arrêts de travail, se défend le patronat. Mais il vaut mieux d'abord les en dissuader, en les frappant au portefeuille notamment. S'il faut faire des économies, l'idée d'un jour de carence non indemnisé séduit de plus en plus les chefs d'entreprise.
Mesure contre-productive
L'idée fait bondir les organisations patronales, et les réactions ne sont pas vraiment meilleures côté politique. "A force de charger la barque, le gouvernement va finir par couler". La réaction de ce député socialiste est immédiate: rajouter des jours de carence pour les salariés du privé, c'est absolument inenvisageable et un nouveau motif de censure.
Selon lui, une telle mesure serait un recul de l'Assurance maladie, et surtout serait contre-productive: sans compensation, des salariés risqueraient de continuer à travailler quitte à ce que leur état de santé s'aggrave.
Même scepticisme au sein du bloc central. Une députée Renaissance prévient: augmenter les jours de carence est une source d'économie certes, mais cela ne résout pas le problème de fond, qui est la prévention pour éviter les arrêts maladies, pour des débuts de burn-out par exemple. Plusieurs parlementaires voient surtout dans cette annonce un ballon d'essai, pour mettre le sujet sur la table et lancer les négociations.