Les boulangers parisiens montent au créneau contre les supérettes qui vendent du pain 7 jours sur 7

Un boulanger prépare du pain dans un supermarché de Villeneuve-la-Garenne, près de Paris, le 7 décembre 2016. - Thomas Samson - AFP
Dominique Anract, président du syndicat des boulangers-pâtissiers du Grand Paris.
"Depuis quelque temps, on a beaucoup de plaintes de nos adhérents au sujets de commerces qui ne font pas leur 'journée sans pain', c’est-à-dire 24 heures sans faire du pain, par rapport à l'arrêté préfectoral du 7 janvier 2005. N'importe quel commerce qui vend du pain doit le faire: boulangerie, station-service, moyennes surfaces...
De plus, les supérettes qui ne respectent pas ça et qui sont passées d'environ 300 en 2005 à 670 en dix ans. C'est une augmentation de 111%, de commerces qui ouvrent sept jours sur sept. Il y en a partout, c'est un véritable rouleau compresseur. Alors ils vendent du pain, mais que la règle soit la même pour tout le monde.
Bien souvent une entreprise artisanale, familiale, n’a pas les moyens de rester ouverts 7 jours sur 7, et puis ce n'est pas la question. Les gens peuvent se partager en allant chez l’un, chez l’autre: ça fait partie du jeu du commerce. L'arrêté avait été fait pour protéger les petits commerces.
Ces petites entreprises artisanales souffrent parce qu’elles ont une perte de chiffre d’affaires qu'on a estimée à 2,3 millions en dix ans à Paris, même si on attend une étude plus précise. C’est une action parisienne. On est très inquiets: il y a quand même une centaine de boulangeries qui ont fermé en dix ans.
C'est inquiétant, sachant que c'est quand même le commerce préféré des Français. C'est aussi la spécificité de Paris d’avoir un paquet de boulangers artisans qui font du super travail, qu'ils font de la formation... On a aussi bien souvent des circuits courts, dans le sens où la farine ne vient pas de très loin. C'est un métier de tradition, on est très inquiets de ça.
"Une carence de l'Etat"
On aurait pu faire une procédure contre les entreprises. Le problème est qu'on ne sait pas trop où sont les sièges, elles sont nombreuses, il y a des franchisés... Bref, c’est très compliqué de pouvoir faire une procédure contre elles. On a donc décidé d’attaquer la préfecture: il y a quand même un arrêté à faire respecter et il n’y a pas assez de contrôle.
La réglementation est pour tout le monde, or elle n’est pas respectée. Nous avons donc déposé une requête indemnitaire à l’encontre du préfet de la région île-de-France et de la préfecture de police de Paris (à l'encontre de l'Etat). C'est une carence de l'Etat à faire respecter.
Le Conseil de Paris nous a suivis et qui a demandé à l’Etat de réagir. Droite comme gauche, ses membres ont voté pour cette action car ils savent qu’il y a un risque de perdre ces boulangeries. Quand une boulangerie ferme, c’est un drame. Une belle baguette croustillante, de qualité, c’est quelque chose."