Révolte du bikini en Algérie : "Ces femmes revendiquent une certaine liberté"
Le mouvement est parti d’une femme, et de son post Facebook, il y a plusieurs semaines. Décidée à aller à la plage en bikini, elle a pour objectif de faire évoluer les mentalités. Et le mouvement prend de plus en plus d’ampleur: elles sont maintenant des milliers, sur beaucoup de plages du pays, à revendiquer leur droit à porter des maillots de bain à deux-pièces. Une situation mise en parallèle avec ce qu’il se passe aussi en Arabie Saoudite par Clarence Rodriguez, grand reporter, dans Radio Brunet.
Pour elle, le mouvement de ces femmes algériennes est très significatif d’une volonté de changement, d’un souhait d’appropriation de leur corps. "C’est un mouvement significatif, ces femmes revendiquent leur liberté de s’approprier leur corps. Au nom de qui et de quoi, ces femmes-là n’auraient pas le droit de porter un bikini, est-ce vraiment indécent? Cette jeune femme qui se baigne, seule au départ, était regardée par tout le monde. Maintenant elles sont des milliers, cela a un peu délié les langues."
"Ces femmes voient bien que c’est différent dans d’autres pays, et se disent, pourquoi pas nous ?"
La situation est également semblable avec ce que vit l’Arabie Saoudite où, récemment, une femme s’est postée jambes nues et cheveux découverts dans une vidéo. "C’est comparable à l’Arabie Saoudite, où sur de nombreuses plages privées vous pouvez voir de plus en plus en plus de saoudiennes en maillots de bain. Il y a quelque part une sorte de contradiction et de schizophrénie."
Les choses changent, et selon Clarence Rodriguez, les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. "Dans ces pays comme l’Algérie ou l’Arabie Saoudite, la situation change. Par exemple, la jeunesse saoudienne utilise énormément les réseaux sociaux et ça représente pour elles une ouverture sur le monde. Ils ne peuvent pas faire grand-chose dans le pays, les manifestations sont proscrites, il n’y a pas de télés et de radios ouvertes: l’opinion publique n’existe pas. Donc ils voient bien que c’est différent dans d’autres pays, que la jeunesse vit autrement et ils se disent, pourquoi pas nous?"