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Les prix de l'essence sont au plus bas depuis 2021: la tendance va-t-elle durer à la pompe?

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Le prix du carburant à la pompe est au plus bas depuis quatre ans. L'abondance de la production mondiale de pétrole et une demande "relativement atone" provoquent un prix du baril plutôt bas. Francis Pousse, président des stations-services et énergies nouvelles chez Mobilians, donne des informations sur l'évolution de la tendance.

Le prix du carburant à la pompe est au plus bas depuis quatre ans. En ce mois de juillet 2025, le tarif du gazole était en moyenne de 1,62 euro tandis que le litre de Sans Plomb 95 s'est vendu en moyenne à 1,66 euro. Soit respectivement 8 et 13 centimes de moins par rapport à l'année dernière, au même mois.

Comment expliquer cette baisse? "La conjoncture de deux faits favorables", explique ce vendredi sur RMC Francis Pousse, président des stations-services et énergies nouvelles chez Mobilians. "D’un côté, un baril relativement bas — il navigue autour de 68/72 dollars — et de l’autre côté, un euro qui est fort. Comme on achète le baril en dollars, plus l’euro est fort, moins ça nous coûte cher à la pompe, et c’est tant mieux."

La situation géopolitique n'influe plus durablement sur le cours du baril

La situation géopolitique ne semble plus affecter - durablement - le marché mondial, poursuit Francis Pousse. "Depuis l’Ukraine, depuis Israël-Palestine/Israël-Iran, on s’aperçoit qu’il y a une poussée de fièvre le lendemain, le surlendemain puis le baril redescend à ses niveaux de 70/75 dollars."

Autre élément mis en avant, la production: "L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) en a ramené plus que prévu, d’abord en une première phase en mai (140 000 barils/jour) puis 400 000 barils/jour en juillet. Plus il y a d’offre, alors que la demande mondiale est relativement atone du fait de l’économie, plus ça fait baisser les prix", détaille Francis Pousse.

3 questions pour comprendre : Carburants, la concurrence fait-elle baisser les prix ? - 01/08
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L'OPEP devrait augmenter sa production en septembre

Selon les attentes du marché, le cartel devrait réviser en hausse de nouveau ses quotas de production pour le mois de septembre en ajoutant plus de 500.000 barils quotidiens, rapporte l'Agence-France-Presse, qui rappelle qu'en théorie, une hausse importante des réserves de brut est de nature à plomber les prix de l'or noir.

"Il y a beaucoup de pétrole disponible: la production américaine et la volonté des pays producteurs de pétrole de récupérer des parts de marché, donc de mettre plus de pétrole sur le marché. En face, il y a une demande qui n'est pas extrêmement élevée", abonde auprès de RMC Jean-Pierre Favennec, professeur à Paris-Dauphine.

"Il y a peu de chances qu'on ait des évolutions majeures en août", estime Francis Pousse

Selon ce dernier, il ne faut pas s'attendre à une grande fluctuation des prix d'ici les prochaines semaines. "On ne peut jamais prévoir durablement, néanmoins les fondamentaux prouvent qu’il y a peu de chances qu’on ait des évolutions majeures du prix du baril en août", fait-il savoir.

Malgré l'incertitude, les droits de douane imposés par l'administration Trump ne devraient pas non plus avoir d'impact, en tout cas sur le marché français, à court-terme. Sur les importations de pétrole américain en France "il n’est pas, à ce stade, prévu de taxe douanière dans ce sens-là", rappelle Francis Pousse.

L'UE promet d'acheter en masse du pétrole américain

La promesse de l'UE est d'acheter pour 750 milliards de dollars - en 3 ans - de pétrole, gaz naturel liquéfié (GNL) ou de combustible nucléaire américains. "Le problème, c’est que les Américains n’ont pas les capacités logistiques pour exporter autant de pétrole", pointe Philippe Charlez, expert en questions énergétiques dans les colonnes de La Dépêche du Midi.

"Si l’Europe achète plus aux États-Unis, elle achètera moins ailleurs. Mais cela ne change pas vraiment l’équilibre global entre l’offre et la demande, et donc ça n’a pas d’effet immédiat sur les prix du brut", estime-t-il.

Quid de la concurrence en France qui pourrait faire baisser les prix? "Notre étalon, c’est le prix du baril", répond Francis Pousse. "La concurrence est là toute l’année. La France est le pays européen le plus concerné par la prégnance des grandes surfaces: 63 % pour les grandes surfaces et 37 % pour nos réseaux. La concurrence joue à plein temps mais toute l’année."

Carburant "à prix coûtant" ce week-end dans certaines enseignes

À noter par ailleurs que E.Leclerc et Super U lancent ce week-end, ce vendredi et samedi, l'opération "carburant à prix coûtant", c'est-à-dire que les deux enseignes renoncent à leurs marges.

"C'est encore moins cher, ce sont des baisses de quelques centimes, mais on n'a pas le droit de descendre les prix plus bas que "le prix coûtant", vante ainsi Michel-Edouard Leclerc sur X. "Nul doute que les concurrents de la grande distribution chercheront à challenger Leclerc."

Léo Manson