Négociations commerciales: pourquoi, cette année encore, c'est la grande distribution qui a gagné

On connaît le vainqueur du bras de fer commercial entre les industriels de l’agroalimentaire et la grande distribution. Chaque année, c’est le même psychodrame. Avant la fin mars, les enseignes de la grande distribution et les fabricants de produits agroalimentaires doivent se mettre d’accord sur les augmentations de prix pour l’année à venir.
Un gigantesque jeu de poker menteur avec les patrons de Carrefour, Leclerc, Système U qui viennent sur les plateaux s’ériger en défenseurs du pouvoir d’achat face aux industriels assoiffés de profits, et ces mêmes industriels qui protestent et assurent qu’ils se font saigner par les négociateurs surpuissants de la distribution.
La réalité, c’est que les industriels de l'agroalimentaire ont obtenu 1,5% de hausse moyenne des prix cette année, selon l’Observatoire de la négociation commerciale, alors qu’ils demandaient 5,7%. C’est donc bien la distribution qui a gagné.
Café, chocolat et jus d'orange en tête des hausses de prix les plus fortes
Ça, c’est l’augmentation moyenne. Les plus fortes hausses demandées ont concerné les produits à base de café, de chocolat ou encore le jus d'orange, dont les cours ont fortement augmenté. Les industriels étaient plus raisonnables sur les produits laitiers, le beurre ou la viande bovine, malgré les hausses de coûts de production sur ces produits.
En réalité, dans le secteur de l'épicerie salée, les industriels ont dû baisser leurs prix de 1,5%. La grande distribution a accepté des hausses de 2% sur les produits laitiers et de 4,5% sur l'épicerie sucrée, avec une hausse plus prononcée pour les produits à base de café et de chocolat.
Alors est-ce qu’en bout de course, les intérêts des petites entreprises de l’agroalimentaire et des agriculteurs ont été préservés? L'observatoire de la négociation commerciale note que, en dehors du secteur laitier, les hausses de prix n’ont pas suivi la hausse des coûts de la matière première agricole déclaré par les industriels, alors que celle-ci est censée être protégée par la loi Egalim. Et que ce sujet de la sacralisation de la matière première agricole, la négociation 2025 a même été pire que celle de 2024.
Ce bilan appelle de nouvelles évolutions législatives.