Plus de 10 millions de Français détenteurs: pourquoi le livret d'épargne populaire cartonne

Lancé en 1982 et réservé aux ménages modestes, le livret d’épargne populaire connaît un regain d'intérêt spectaculaire depuis deux ans et l'entrée dans une période de forte inflation. Une étude publiée par la Banque de France démontre une percée historique. Car il est impossible aujourd’hui de trouver mieux compte tenu de sa rémunération élevée, pour des risques nuls pour l’épargnant.
Il y a eu une simplification des conditions d'ouverture et d'accès au livret d'épargne populaire, qui peuvent également expliquer cet engouement soudain. Depuis 2021, plus besoin d'apporter à son banquier son avis d'imposition pour l'ouverture d'un LEP.
En 2021, le nombre de LEP avoisinait les 6,9 millions pour un encours de 38,9 milliards d'euros. Et le nombre de Français titulaires s'est établi à 10,1 millions en août.
Garanti par l'Etat
Comme les autres livrets d'épargne réglementés, il est garanti par l'Etat et exonéré d'impôts et de prélèvements sociaux. Il est possible de retirer tout ou partie de ses fonds à tout moment.
Son avantage, c’est que depuis juillet, il rapporte 6%. C'est deux fois le taux du livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS), maintenu à 3% depuis le 1er août pour 18 mois, lui-même plus intéressant que les fonds euros de l'assurance-vie.
En plus, son plafond a été relevé de 7.700 euros à 10.000 euros depuis début octobre.
Peu mis en avant par les banques
Une limite toutefois: tout le monde ne peut pas y prétendre. C’est un placement réservé aux revenus modestes: ne sont éligibles que les personnes déclarant jusqu'à 21.393 euros de revenu fiscal pour une personne seule, ou 32.818 euros pour un couple (deux parts), moins de 2000 euros par mois.
Le problème, c’est que les banques ne sont pas très enthousiastes pour inciter leurs clients à ouvrir un livret d’épargne populaire. Car ce livret coûte cher aux banques, qui le mettent peu en avant.
Le produit n'est pas en tête de gondole des agences ou des sites internet des établissements bancaires. Il n'est par exemple pas fait mention du LEP sur la page internet dédiée à l'épargne du Crédit Agricole ou de la Société Générale.
Comment expliquer ce manque d'entrain? C'est parce que les banques rémunèrent à parts égales avec la Caisse des dépôts les 6% d'intérêts, une facture qui pourrait dépasser les 3 milliards d'euros cette année.