Pourquoi les prix des hôtels devraient encore augmenter
On pensait la reprise enfin maîtrisée par le secteur hôtelier. Mais après deux ans de crise sanitaire, les professionnels ont encore des difficultés. Sébastien Bazin, le PDG du groupe Accor appelle même les hôteliers à "franchement monter leurs prix".
L’augmentation moyenne devrait être dans une fourchette assez large entre 5 et 10%. Après cela dépend de la catégorie de l’hôtel: s’il est dans une zone à forte fréquentation touristique ou business, s’il comprend de la restauration ou pas.
En France, nous avons déjà vécu une augmentation des tarifs depuis 2019. Une fourchette allant en moyenne de +0,8% à 2,3% pour les prestations hôtelières.
Nous avons aussi vu l’été dernier des hôtels faire grimper leurs tarifs de +15%, voire de +25% en Provence Alpes Côtes d’Azur. Mais cela restait cantonné à des zones touristiques. Sébastien Bazin, lui, parle désormais de l’ensemble des établissements de son groupe - 5300 hôtels dans le monde-. Lors de l’AG du groupe Accor, 6e groupe hôtelier mondial (Novotel, Sofitel, Mercure, Ibis, Fairmonts, Movenpick, Raffles), il a reconnu que le désir de voyager s’accélère, les prix ont bien entendu augmenté par rapport à 2019. Mais pas assez, selon lui. Il appelle les propriétaires d’hôtels à "franchement accélérer le mouvement et à faire monter les prix".
Des propos qui tranchent avec les appels du nouveau gouvernement aux acteurs économiques pour participer à la lutte contre l'inflation.
Trésorerie et coûts d'exploitation
Le PDG invoque deux raisons principales. La première: un problème de trésorerie. A l’instar du groupe Accor, les propriétaires d’hôtels qui exploitent les marques souffrent financièrement pour tout un tas de raisons. Il va falloir notamment rembourser les prêts garantis par l'Etat.
La deuxième raison est davantage inflationniste: le coût d’exploitation des hôtels a fortement augmenté. En cause: la revalorisation des salaires et les prix de l’énergie et des matières premières pour l’alimentation.
Côté salaires, un accord entre les partenaires sociaux a instauré depuis le 1er avril une rémunération minimum supérieure de 5% au Smic et une augmentation moyenne de 16,33% de la grille des salaires, dans une branche des hôtels, cafés et restaurants (HCR) aux rémunérations historiquement basses.
On sait en plus que le secteur hôtelier connait une pénurie sans précédents et doit maintenir des salaires élevés pour attirer ou retenir ses salariés. En 2023, des salaires bruts de 2050 euros pourraient encore prendre 100 euros. A cela s’ajoutent donc aussi les prix de l’énergie (+5%) et des matières premières liées à l’alimentation.
En clair, si les hôteliers veulent retrouver des marges identiques à 2019, il faut augmenter les prix et répercuter sur les clients finaux.