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Économie

"Rien n'a été tenu": un an après les promesses du gouvernement, la colère des agriculteurs de retour

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Un an après la grande mobilisation paysanne, les agriculteurs se mobilisent de nouveau. Beaucoup veulent protester contre les promesses du gouvernement suspendue en raison de la dissolution.

La dissolution de l'Assemblée nationale après les élections législatives a fait des déçus: les agriculteurs. Un an après le mouvement de contestation qui a fortement perturbé la France, les perturbations pourraient revenir dès la semaine prochaine.

Plusieurs syndicats appellent à de nouvelles mobilisations massives. Certains parlent de révolte paysanne après les promesses du gouvernement suspendues en raison de la dissolution de l’assemblée nationale.

C'est le cas dans l'Hérault, où réside Benjamin Bajada, céréalier de 38 ans. Chaque mois, c'est l'angoisse devant les factures qui s'accumulent: "On a 10.000 euros de factures, il faut que ça soit payé à la fin du mois. Mais j'ai à peine 2.000 euros d'avance sur le compte. Le problème, c'est qu'ils nous mettent la pression pour qu'on règle les factures."

Près d’un an après le mouvement des agriculteurs, sa situation s’est à peine améliorée: "Tout ce qu'on avait demandé l'année dernière, rien n'a été tenu. La seule chose qu'on a eue d'acté ça a été le gasol non routier. Ça nous allège un peu, mais rien de plus." Mais entre le prix des matière premières encore trop élevé et la baisse du cours du blé, il ne peut toujours pas se dégager de salaire.

"On n'a pas clôturé l'année, mais moi je pense que déjà sur les prix, j'ai perdu 30%. Le peu qu'on rentre, on paie des factures", estime Benjamin Bajada.

Une désillusion partagée par Arnaud Poitrine, secrétaire général de la coordination rurale de l’Hérault et figure de la mobilisation paysanne il y a un an: "On a perdu tout espoir lorsque monsieur Macron a dissout l'Assemblée, parce qu'on savait très bien que tous les décrets n'allaient pas aboutir."

Vers une potentielle crise

Le représentant syndical craint une issue désastreuse. "Les gens sont vraiment désespérés. Nous, on essaye de canaliser les troupes, jusqu'à quand on va réussir à les tenir, ça c'est une autre histoire. Vous savez, quand vous avez des gens qui n'ont plus rien à perdre, on ne sait pas de quoi ces gens sont capables", prévient-il.

Cette nouvelle colère agricole est révélatrice d'une détresse palpable dans le milieu agricole, davantage touché par les suicides que les autres secteurs professionnels. Selon un rapport de la MSA, publié en 2022, les personnes affiliées au régime agricole de la sécurité sociale ont un risque de suicide accru de 43% par rapport aux autres personnes affiliées aux autres régimes.

Estelle Henry