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Sans la taxe d'habitation, il n'y aura plus de vie associative

Edouard Philippe et Emmanuel Macron réunissent ce lundi au Sénat la première Conférence nationale des territoires. Ils vont devoir rassurer des élus locaux particulièrement inquiets de la suppression de la taxe d'habitation, alors que leurs finances sont déjà durement touchées par la baisse des dotations. Avec des impacts déjà concrets, comme l'a constaté RMC dans une petite ville de Seins-St-Denis.

Après une longue séquence internationale qui s'est achevée par la visite de Donald Trump à Paris et la commémoration des 75 ans de la rafle du Vel d'hiv aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Nethanyahu, Emmanuel Macron entame ce lundi une séquence de politique intérieure avec deux gros chantiers: la conférence des territoires suivie des Etats généraux de l'Alimentation. Promesse de campagne, la conférence des territoires doit être une "instance de dialogue", mais pour l'instant les élus locaux craignent surtout la douche froide.

Car le chef de l'Etat vient avec deux propositions qui ne leur plaisent pas du tout: la suppression de la taxe d'habitation - une bonne nouvelle pour le portefeuille des Français mais une catastrophe aux yeux des maires -. L'autre chiffon rouge, ce sont les économies demandées une nouvelle fois aux collectivités territoriales: 10 milliards d'euros en 5 ans. Des économies impossibles à réaliser sans dégrader les services publics, alertent les élus territoriaux. Du coup les autres sujets à l'ordre du jour, tels que la fracture territoriale ou la couverture numérique des territoires semblent secondaires.

"Il n'y aura plus de vie associative"

C'est la suppression de la taxe d'habitation - qui se ferait progressivement par tranches dès 2018 jusqu'à une exonération totale en 2020 – qui inquiète particulièrement les communes, malgré la promesse d'un remboursement au centime près du manque à gagner par l'Etat. Illustration dans la petite ville de Coubron (4.800 habitants) en Seine-St-Denis, où RMC s'est rendue. Dans cette commune, le stade de foot ressemble à un terrain vague... Le coût d'installation de la pelouse, 500.000 euros, est trop cher pour la mairie, qui est passée en 4 ans de 900.000€ de dotation publique annuelle à 430.000€. Et avec l'annonce de la suppression de la taxe d'habitation, Eric le président du club de foot se demande tout simplement comme il va pouvoir continuer. "Si demain on n'a pas de terrain de jeu parce que la mairie a un manque de dotations, les associations ne vont plus pouvoir vivre. Si ces dotations n'arrivent plus, il n'y aura plus de vie associative sur la commune".

"Je ne crois pas à un remboursement de l'Etat"

Le maire, Ludovic Toro (UDI), a déjà fait ses calculs. Sans taxe d'habitation, il va perdre 2 millions et demi d'euros, soit presque un quart de son budget annuel. "Symboliquement, on perd tout simplement la gestion de la ville. On nous promet qu'on va me rembourser la taxe d'habitation à l'euro près mais je n'y crois pas. Cela ne s'est jamais fait". Le maire en appelle donc à la responsabilité du gouvernement. "Maintenant il va falloir assumer. Parce que quand les mairies ne pourront plus faire de routes, donner à manger aux enfants, quand on ne pourra pas construire de classes, qui va nous aider?". L'élu invite Emmanuel Macron à venir à Coubron lui expliquer comment gérer sa commune sans la taxe d'habitation.

P. Gril avec Julien Chehida