Shein France dénonce l'hypocrisie de la loi "fast-fashion": "Tout le monde se fournit en Chine"

Un an après l'Assemblée nationale, c'est au tour du Sénat de se pencher sur la proposition de loi "anti fast fashion". L'examen de ce texte adopté en mars 2024, à l'unanimité, par les députés a débuté lundi et doit se poursuivre ce mardi.
Un texte qui a bien changé avant d'arriver devant les sénateurs. Le système de bonus-malus a été assoupli. La version débattue au Sénat cible tout particulièrement les plateformes chinoises comme Shein et Temu.
Cibler tout particulièrement les plates-formes chinoises, et non les enseignes qu'on peut trouver dans nos centre-villes, c'est une excellente nouvelle pour Yohann Petiot, le directeur général de l'Alliance du commerce: "On ne peut pas mettre sur la même échelle ces plates-formes qui mettent plus de 7.000 nouvelles références en ligne chaque jour et des enseignes peut-être de fast-fashion, mais qui sont dans notre pays depuis 30 ans, créent de l'emploi et respectent les lois sociales, environnementales et commerciales".
"La priorité c'est de mettre un terme à la distorsion de concurrence et le non-respect des règles qui sont les pratiques de ces plates-formes", ajoute-t-il sur RMC.
"La majorité des entreprises textiles (françaises) se fournissent en Chine"
"C'est louable, mais c'est une loi qui cible uniquement des acteurs non-français et non-européens" déplore de son côté, Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France qui se défend: "Mais si on propose à nos clients des produits aussi abordables, c'est parce que nous produisons uniquement ce que nos clients veulent porter et achètent, cela réduit le gaspillage."
"Chacune de nos références est produite en petite quantité, si la demande est là nous activons nos fournisseurs et répondons à la demande à l'article près. Ça ce n'est pas pris en compte alors que nous avons très peu de stocks très peu d'invendus", se défend-il sur RMC Story.
"Une proposition de loi pour limiter l'industrie textile, oui, à conditions que l'effort soit collectif", insiste Quentin Ruffat.
Le consommateur pénalisé?
Le porte-parole de Shein France assure que "tous les acteurs de l'industrie voulaient de cette loi sans en être".
"Le problème avec la morale, c'est que c'est toujours celle des autres alors que la majorité des entreprises textiles (françaises) se fournissent en Chine. Il faut travailler sur l'impact environnemental de tous".
Cette loi pourrait pénaliser le consommateur alerte Quentin Ruffat: "Le panier moyen d'un Français était de 200 euros et on va leur rajouter une taxe de 10 euros par vêtement acheté sur notre site. Pourquoi taxer le consommateur quand on peut responsabiliser l'industrie".
L'appel de Shein aux enseignes de prêt-à-porter françaises
"C'est assez étonnant que cette loi ne cible qu'une enseigne, Shein", poursuit-il rappelant que selon l'IFM, l'Institut français de la mode, représente 7% des ventes de vêtements en France, soit le 5e vendeur selon le volume.
Et il l'assure, Shein n'est pas responsable des difficultés de marques de prêt-à-porter française comme Jennyfer ou Naf Naf: "Si elles sont en difficulté, c'est parce qu'il y a une évolution de la consommation et qu'elles ont des problèmes d'invendus".
Et pour encourager le Made in France, Quentin Ruffat se dit prêt à ouvrir sa market place aux enseignes françaises: "Venez chez nous, travaillons ensemble".