Tickets-restaurant au supermarché: la colère des restaurateurs contre la grande distribution

Adieu l’huile, les lardons, les pâtes ou la farine payés en carte ticket-restaurant au supermarché. À partir du 1er janvier, vous ne pourrez plus acheter dans les grandes surfaces les produits qui ne sont pas directement consommables. Mais les grandes surfaces ont déjà fait savoir que mettre à jour toutes les caisses automatiques n'est pas une priorité. Elles continueront donc à accepter sur tous les produits alimentaires les paiements en titre-restaurant, dont 5,4 millions de salariés en bénéficient.
Depuis deux ans, acheter tous les produits alimentaires grâce à sa carte ticket-resto était possible grâce à une loi de dérogation votée chaque année au Parlement. Sauf qu'à cause de la censure de Michel Barnier, cette loi est aujourd'hui bloquée au Sénat. Concrètement, c’est un retour aux règles d'avant 2022: achat de produits directement consommables uniquement et un montant quotidien autorisé qui repasse à 19 euros, contre 25 euros actuellement. Dans les supermarchés, seul le snacking, comme les sandwiches, les tomates et les plats cuisinés, reste éligible.
"On demande que la grande distribution applique la loi"
Pour les restaurateurs, cette volonté des grandes surfaces de ne pas changer les caisses automatiques est inadmissible. Neuf organisations professionnelles dénoncent, dans un courrier à la répression des fraude, ces distributeurs qui veulent "s’affranchir des règles". Une manière de "faire respecter l'Etat de droit" selon Franck Delvau, président de l'UMIH Paris Île-de-France, syndicat de l'hôtellerie-restauration, l'un des signataires.
"On demande que la grande distribution applique la loi, souligne-t-il ce mardi sur RMC. A partir du 1er janvier 2025, on ne peut plus acheter avec un titre-restaurant des pâtes, du riz, de la farine, des éponges ou autre chose. On comprend la difficulté dans laquelle sont les Français. On demande une opportunité pour rouvrir le dialogue. Le gouvernement précédent a fermé le dialogue. On peut le rouvrir et peut-être aller vers un double plafond, par exemple 20 euros pour la grande distribution et 40 euros pour les restaurants."
"On a perdu pratiquement 600 millions d’euros l’année dernière"
Pour les restaurateurs, l’utilisation des tickets-restaurant au supermarché a un gros impact. "On comprend bien l’intérêt de la grande distribution pour ce marché. Nous, on a perdu pratiquement 600 millions d’euros l’année dernière, qui sont partis vers la grande distribution, assure Franck Delvau. Mais c’est un titre-repas, un titre-restaurant. C’est peut-être à la grande distribution de prendre des rendez-vous avec le gouvernement pour créer un titre caddie, mais sûrement pas dans les conditions actuelles du titre-restaurant."
Jointe par nos confrères du Figaro, la Fédération du commerce et de la distribution juge cette initiative "ridicule" et dénonce "un mauvais lobbying des restaurateurs pour empêcher les Français d'utiliser leurs titres-restaurants".