323 intérimaires non-renouvelés à l'usine Renault de Sandouville: "On sacrifie des vies de famille"

Fin février, la direction de l'usine Renault à Sandouville (Seine-Maritime) annonçait lors d'un Comité social économique (CSE) extraordinaire un ralentissement de la production des véhicules et le non-renouvellement de centaines d'intérimaires. Lors d'un nouveau CSE organisé mardi, elle a cette fois-ci présenté les contours de ce "projet d'ajustement", qui rentre en vigueur dès lundi. Au total, 323 intérimaires sur les 600 employés ne vont pas être renouvelés.
"Raison fallacieuse"
"C'est la résignation. Les intérimaires, chez Renault, ce sont les gens qui font le produit. Ils sont sur la chaîne à 70%", dénonce au micro de RMC Fabien Gloaguen, représentant du syndicat FO sur le site Renault de Sandouville.
La direction a invoqué mardi une "baisse des marchés commencée en 2024" et a dit souhaiter "qu'elle soit temporaire". Les élus CGT n'ont pas participé à la réunion dénoncant une "raison fallacieuse". Alors que l'usine de Sandouville (Seine-Maritime) a produit près de 137.000 petits fourgons Renault Trafic en 2024, un record, la demande devrait baisser à 120.000 véhicules pour l'année 2025.
Renault impute le ralentissement des usines à plusieurs facteurs, entre une baisse des ventes sur le marché européen des utilitaires (-9,2% en janvier) et des évolutions dans la gamme des véhicules produits, cite l'AFP.
"Nous avons turbiné jusqu'au 31 décembre parce que les commandes pleuvaient", pointe la CGT
"C'est d'autant plus un crève-coeur quand on voit que c'est lié à des mesures de l'Union Européenne, avec la fin des moteurs thermiques en 2035. Les entreprises sont obligées de s'adapter, ils sacrifient du personnel. On est en train de sacrifier notre industrie automobile et des vies de famille", dénonce Philippe Gloaguen. "Nous avons turbiné jusqu’au 31 décembre parce que les commandes pleuvaient et le 1er janvier tout a changé", pointe la CGT dans les colonnes de Libération.
Les deux syndicats affirment en effet que ce dégraissage est dû aux normes européennes, particulièrement celle dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui oblige les constructeurs à vendre progressivement des véhicules de moins en moins polluants, sous peine de fortes amendes. La commission européenne a d'ailleurs annoncé la semaine dernière un assouplissement, qui consistera à prendre en compte les émissions de CO2 sur trois ans, de 2025 à 2027, au lieu d'une seule année, ce qui revient à accorder un délai supplémentaire pour augmenter les ventes de véhicules électriques.
Demande de requalification en CDI
Le syndicat va demander à la direction la requalification en CDI des intérimaires restants: "On va faire une demande de CSE extraordinaire. Puisque la direction baisse l'activité, elle ne peut plus parler de surcroît d'activité pour les intérimaires", a expliqué Nicolas Guermonprez sur France 3 Normandie. Selon la chaîne d'information locale, une rencontre doit avoir lieu d'ici la fin du mois entre des représentants syndicaux et Edouard Philippe, l'actuel maire du Havre et candidat déclaré à la présidentiellle 2027.
Renault rappelle de son côté que 150 intérimaires ont déjà été recrutés en CDI à Sandouville dans le cadre d'un plan qui prévoit encore 400 recrutements d'ici 2028, alors que l'usine s'apprête à produire dès 2026 les utilitaires de Flexis, sa coentreprise avec Volvo Group.