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A Villers-Cotterêts, l'ouverture d'une boulangerie "Marie Blachère" fait bondir les artisans

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Les boulangers de la commune s'inquiètent pour leur avenir à Villers-Cotterêts alors que Marie Blachère, connue pour ses prix attractifs, projette d'ouvrir une boulangerie en périphérie de la commune.

Le projet d'ouverture d'une boulangerie fait polémique à Villers-Cotterêts dans l'Aisne. L'enseigne Marie Blachère, connue pour ses prix attractifs, projette d'ouvrir une boulangerie en périphérie de la commune.

Mais les boulangers de la commune s'inquiètent pour leur avenir. Villers-Cotterêts compte près de 11.000 habitants et déjà cinq boulangeries. La Région menace même de suspendre une subvention à la ville si la mairie n'arrête pas le projet.

Les promos sur les croissants, les offres à petits prix sur les baguettes, Céline, boulangère dans la commune, n’en veut pas. Elle déclare la guerre à Marie Blachère.

“Faire de la viennoiserie là-bas, c’est juste ouvrir des cartons. Alors que nous, notre apprenti, il s’est classé quatrième au concours du meilleur croissant du département”, indique-t-elle.

Pour Céline, Marie-Blachère n'a pas sa place dans la commune. “C’est une concurrence déloyale. Ça peut faire mal parce que les artisans ne peuvent pas s’aligner sur les prix”, appuie-t-elle.

Une concurrence déloyale?

La qualité, les clients y sont attachés à l'image de Vanessa. “Personnellement, je préfère consommer moins, mais mieux”, assure-t-elle. Et son fils Léon, 8 ans, qui veut devenir boulanger ne dira pas le contraire. “C’est des produits qui ne sont pas faits chez eux directement. Moi, je n’aime pas ça”, dénonce-t-il.

De son côté, la chaîne de boulangeries Marie Blachère met en avant l'"opération immobilière attractive" avec une "vingtaine d'emplois" à la clé pour la commune.

Invité ce mercredi matin sur RMC, Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie pâtisserie française, ne se dit pas particulièrement inquiet.

“Moi ce qui m'embête dans ce genre de chaîne, c’est qu’il y aura les mêmes produits partout. Et je trouve ça dommage qu’en France où on a 33.000 artisans-boulangers, on n'ait plus cette diversité des produits. Mais je ne suis pas inquiet parce que quand on fait de la qualité, ça marche.

La région Hauts-de-France accuse la mairie de ne pas s'opposer à l'implantation de la boulangerie et menace de suspendre une subvention de 800.000 euros. Le maire Rassemblement national de Villers-Cotterêts Franck Briffaut, assure qu'il fait ce qu'il peut.

“On a clairement fait savoir à l’opérateur qu’on n'était pas favorable. Ça fait trois fois qu’on lui retoque son permis de construire, mais une fois que je vais avoir épuisé tous ces recours en matière d’urbanisme, je ne peux pas entrer dans le jeu de perturber la concurrence. Je n’en ai pas le droit”, explique-t-il.

Selon l'association des commerçants de Villers-Cotterêts, cette boulangerie pourrait menacer l'équilibre du tissu commercial et artisanal du centre-ville.

Romain Poisot avec Guillaume Descours