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Comment compenser la chute de la natalité et la pénurie de main-d'oeuvre? "Il faut des jeunes qui travaillent"

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La France va bientôt manquer de travailleurs. C'est le Haut-commissaire au plan qui alerte. C'est mathématique avec la chute de la natalité, les pénuries de main-d'œuvre vont devenir monnaie courante pour beaucoup de métiers dans les années à venir.

La France va bientôt manquer de travailleurs à cause de la chute de la natalité. Depuis cet été, le pays enregistre plus de décès que de naissances. Les pénuries de main-d'œuvre vont devenir chroniques dans de nombreux secteurs.

D’après un rapport du Haut-commissariat au Plan publié jeudi, la population active va se rétracter à partir de 2035, et baisser de 7% d’ici 2050. Les effets sont déjà bien visibles dans les écoles primaires qui ont perdu plus de 500.000 élèves ces dix dernières années. Et elles devraient encore en perdre environ 300.000 d’ici trois ans.

Dans les universités, la chute des effectifs commencera à se faire sentir dans dix ans. Et en 2042, il y aura un quart d’étudiants en moins qu’actuellement. Dès 2035, le nombre d’actifs, c'est-à-dire de personnes en âge de travailler, entamera son déclin et d’ici 2050, il devrait chuter de 7%.

L'immigration comme solution?

Pour Julien Damon, enseignant à Sciences Po et HEC, le système français ne peut pas fonctionner s'il y a une baisse de la natalité trop importante. “Nous fonctionnons avec un système équilibré entre générations. Mais surtout pour notre système de protection sociale, il est nécessaire d’avoir des jeunes gens qui travaillent pour financer non pas seulement les retraites mais l’ensemble du système d’assurance maladie. Le financement repose sur le travail, sur l’activité et donc s’il y a moins d’actifs il y a moins de financement pour le système. C’est aussi simple et basique que cela", explique-t-il ce jeudi sur RMC

Le parti-pris : Baisse de la natalité, est-ce inéluctable ? - 05/09
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"Il y a une variable qui est le nombre d’enfants et il y a une autre variable qui est le nombre d’immigrés. C’est un sujet qui est extrêmement sensible. D’ailleurs dans cette note le Haut commissariat aux plans plaide pour une immigration accrue", ajoute-t-il.

Pour éviter une pénurie massive de travailleurs, le rapport propose trois solutions. Travailler plus longtemps en reculant l’âge de départ à la retraite, s’aider de robots pour automatiser certaines tâches, et donc enfin de recourir à l’immigration.

300.000 nouveaux travailleurs immigrés par an nécessaires?

Une solution déjà mise en place par certains patrons. Car la France manque déjà de main d'œuvre dans plusieurs secteurs: aide à la personne, santé, BTP, informatique…

Cette année, dans l’artisanat, plus d’une entreprise sur quatre ne trouve pas de candidats aux postes proposés. Un chiffre révélé par l’Institut Supérieur des Métiers que dirige Catherine Elie.

“Charpentier, couvreur, ce sont des métiers traditionnellement en tension. Trouver un carossier aujourd'hui c'est une mission très très difficile. Donc il y a une vraie problématique de recrutement. Mais aujourd'hui il y a près d'un salarié sur cinq et près d'un chef d'entreprise sur 5 qui sont nés à l'étranger", appuie-t-elle.

Le manque de bras concerne aussi des postes hautement qualifiés. Mehdi Houas préside un groupe de conseils en nouvelles technologies, Talens, qui recrute des ingénieurs étrangers. "On a des ingénieurs qui ont été recrutés dans des pays comme la Tunisie, le Maroc et qui ont envie de venir en France. Dans les métiers de la technologie ont est sous tension c'est-à-dire qu'on est en déficit régulier entre 10.000 et 30.000 ingénieurs par an", souligne-t-il.

D’après le think tank Terra Nova, notre économie aurait besoin de 300.000 nouveaux travailleurs immigrés par an.

Louise Sallé avec Guillaume Descours