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Conférence sociale sur les bas salaires: "C’était utile, mais ça manque d’ambition" pour Marylise Léon

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Invitée d’"Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon regrette le manque d’ambition de la conférence sociale sur les bas salaires.

Une journée de discussions sur les salaires pour aboutir sur une mesure phare qui n'interviendra pas avant... juin prochain. Les syndicats sont sortis déçus, ce lundi, de la conférence sociale sur les bas salaires. La Première ministre Elisabeth Borne a clos ce rendez-vous très attendu en menaçant les branches ayant des minima sous le Smic de revoir à la baisse leurs exonérations s'il n'y a pas de progrès d'ici juin 2024. A l'heure actuelle, 56 branches ne sont pas en conformité, dont une dizaine "de manière durable", selon le ministre du Travail Olivier Dussopt. Ce sont ces dernières qui sont particulièrement visées par Matignon.

"Il n’y a pas grand-chose de concret, explique Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story. Pour la CFDT, ça a été quand même une journée utile, parce qu’on a pu poser un certain nombre de constats partagés, notamment qu’il y a 2 millions de travailleurs pauvres en France. Il ne suffit pas de travailler, il faut aussi être correctement rémunéré. Ce sont des choses qu’on a portées. On a aussi pointé les écarts de salaires entre les hommes et les femmes, qui demeurent encore importants en France. Les femmes ont en moyenne un salaire inférieur de 24% à celui des hommes. Il y a une feuille de route qui en est sortie. Pour la CFDT, c’était utile, mais ça manque d’ambition. On aurait vraiment voulu des mesures concrètes."

Et la menace de baisser les exonérations en juin prochain reste insuffisante selon Marylise Léon. "Cela peut être de nature à faire bouger les entreprises, car elles vont être incitées à plus négocier parce qu’elles auront des exonérations moindres. La question, c’est que c’est dans quelques mois. L’urgence de maintenant, c’est le pouvoir d’achat. Il aurait pu y avoir des mesures concrètes plus directes. (…) Ce que l’on propose, c’est qu’une entreprise qui ne respecte pas, qui a encore des coefficients sous le Smic, ne puisse plus bénéficier d’exonérations de cotisations. Si les salariés peuvent être sous le Smic, avec jusqu’à huit coefficients, c’est profondément injuste."

L'invité du jour : Marylise Léon - 17/10
L'invité du jour : Marylise Léon - 17/10
9:27

Des augmentations plutôt que des primes

La CFDT cible particulièrement certains secteurs qui n’ont pas suffisamment joué le jeu du partage de la valeur. "Quand la CFDT dit qu’il faut une juste reconnaissance du travail, l’idée n’est pas de faire couler les boîtes, bien entendu, assure Marylise Léon, qui a succédé à Laurent Berger au printemps dernier. Aujourd’hui, dans des grandes entreprises, par exemple les laboratoires médicaux, qui ont connu une période de forte activité, il n’y a pas de juste partage de la valeur qui a été créée à ce moment-là. C’est un secteur d’activité où il y a encore huit coefficients sous le Smic. Ce sont aussi des secteurs comme l’hôtellerie-restauration, où paradoxalement les employeurs se plaignent de ne pas trouver de salariés pour venir bosser."

En revanche, la CFDT s’oppose à la défiscalisation des primes Macron. "On est pour des augmentations de salaires, souligne Marylise Léon. La prime, c’est un petit coup de pouce ponctuel qui n’est pas en relation avec ce qu’on a comme attente. Je ne dis pas du tout qu’il ne faut pas en faire, pas le négocier. Mais ça ne remplace pas le salaire. C’est extrêmement important de pouvoir revaloriser le salaire. Il y a des grilles salariales qui ne correspondent à aucun des métiers qui sont réellement faits. Nous sommes contre la défiscalisation de ce type de primes. Lorsqu’il y a une défiscalisation, c’est un manque à gagner pour les finances publiques, et on a un problème de budget. Il y en a des entreprises qui ont dégagé un certain nombre de bénéfices et de marges. Il faut qu’elles partagent justement cette valeur qui a été créée et ça passe notamment par des augmentations de salaires."

Laurent Picat Journaliste RMC