"Décembre rouge": journée de mobilisations jeudi pour sauver les emplois

Drapeaux de la CGT, de FO et de la CFDT - SEBASTIEN BOZON / AFP
La CGT a promis un décembre "rouge", en forme d'alerte sociale au futur gouvernement: rejointe par Solidaires et la FSU, elle appelle à une journée de mobilisations jeudi "pour l'emploi et l'industrie" en réponse à une vague de plans sociaux. "On n'a plus de gouvernement, mais les licenciements continuent d'exploser", a déclaré lundi la leader de la CGT Sophie Binet.
"On est aujourd'hui à un moment crucial pour notre industrie" et "ça fait des mois qu'on alerte dans le désert", avait-elle déploré fin novembre, alors que les plans sociaux s'accélèrent depuis plusieurs semaines en France.
300.000 emplois menacés ou supprimés
Le contexte politique est désormais encore plus incertain après la censure et la démission du gouvernement. La deuxième centrale syndicale avait dénombré le 27 novembre 286 plans sociaux. Elle en recense désormais plus de 300, avec quelque 300.000 emplois menacés ou supprimés.
Les secteurs concernés sont nombreux: métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie... et les zones touchées sont éparpillées sur la grande majorité du territoire français.
Dans ce contexte, la centrale de Montreuil appelle à "des actions sur l'ensemble du territoire jeudi, pour défendre l'emploi et l'industrie". Ainsi, des mobilisations - sur les lieux de travail, rassemblements ou manifestations - sont prévues dans 60 départements, "regroupant 79 initiatives locales", indique la CGT.
Les principales actions auront lieu à l'usine Vencorex de Pont-de-Claix (Isère), Michelin à Cholet (Maine-et-Loire), chez le fabricant américain PPG qui a annoncé la fermeture de son site à Genlis (Côte-d'Or), et aux Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan), où sera présente Sophie Binet.
"Occuper les usines"
"On est maintenant au pied du mur", insistait la secrétaire générale fin novembre. De quoi pousser la CGT à appeler "les salariés à se mettre en grève et à occuper leurs usines pour empêcher les licenciements", une initiative rare.
"Le mois de décembre s'annonce rouge, et ce n'est pas le rouge du Père Noël", prévenait-elle, égrenant plusieurs dates de mobilisations (les retraités et fonctionnaires la semaine passée, dockers mardi, une partie des cheminots dès mercredi avant la journée de jeudi).
La centrale de Montreuil a été rejointe dans son appel par Solidaires, puis par la FSU - deuxième organisation dans la fonction publique. Pour Benoît Teste, secrétaire général FSU, il faut "poursuivre la mobilisation" dans la fonction publique du 5 décembre et "maintenir la pression malgré une situation politique confuse".
"Dans un contexte marqué par la multiplication des attaques, les tentatives d'imposer l'austérité à la population et aux services publics (...), nous devons rompre l'isolement et faire converger nos luttes", juge pour sa part Solidaires dans un communiqué, appelant à "une grande manifestation unitaire contre les licenciements en 2025".
Si l'intersyndicale n'a pas pris position, divisée sur les stratégies à adopter, Force ouvrière a fait un premier pas. Ainsi, dans un communiqué transmis vendredi, son bureau confédéral a apporté son soutien à "toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées par ses syndicats, ses unions départementales et ses fédérations et invite tous les militants et les travailleurs à rester mobilisés".
Dans la branche électrique et gazière, très mobilisée les années passées, la grève jeudi a été reconduite chez GRT Gaz dont les salariés s'étaient déjà fortement mobilisés jeudi dernier. Dans les entreprises de cette branche (GRTGAz, RTE, Enedis, EDF, GRDF, Engie..), les négociations salariales en cours se terminent avec des hausses promises en moyenne de 1,8% pour 2025 contre 2,3% demandés, a indiqué une source syndicale.
Présente samedi à Paris aux côtés des salariés de Decathlon en grève pour réclamer une valorisation des salaires et de meilleures conditions de travail notamment, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a assuré que son organisation "porte localement les revendications" là où existent des menaces de licenciements.
"Au niveau national, la CFDT demande l'ouverture d'une discussion avec le gouvernement pour pouvoir mettre autour de la table organisations syndicales et patronales sur les questions d'emploi", "faire de la prévention, anticiper les suppressions d'emplois et faire en sorte qu'elles n'arrivent pas", a-t-elle encore plaidé. Mais pour cela, encore faut-il un gouvernement.