Le gouvernement estime qu'il y a trop de fonctionnaires: "C'est un mythe", s'agace la fonction publique

Pour le ministre de l'Economie Eric Lombard, il y a trop de fonctionnaires en France. Et il est essentiel d'"engager la baisse du nombre de fonctionnaires" pour faire des économies, alors que l'Insee recensait fin 2023, 5,8 millions d'agents dans la fonction publique fin 2023, soit 61.900 agents de plus qu'en 2022.
De son côté, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin veut "revoir cette tendance" tout en rejetant "le rabot aveugle".
Mais les principaux intéressés ne l'entendent pas de cette oreille. Revoir ministère par ministère les besoins de recrutement et les augmentations salariales, Natacha Pommet, secrétaire générale de la Fédération CGT des service publics a une impression de déjà vu: "Depuis plus de 30 ans il y a un fonctionnaire-bashing. Ou il faut nous geler nos salaires, ou réduire le nombre de postes".
Et quand le ministre évoque l'utilisation de l'intelligence artificielle pour réduire le nombre de fonctionnaire, elle s'insurge: "On a besoin d'un être humain en face de nous. On le voit que ça nous agace quand on appelle les opérateurs téléphoniques ou autres. Les services publics, ça ne peut pas être ça, on ne gère pas de l'humain avec de l'intelligence artificielle", estime Natacha Pommet.
Des recrutements à l'hôpital?
"C'est un des mythes contemporains de notre pays, une controverse qui a lieu de manière récurrente", abonde sur RMC Story Emilie Agnoux, fonctionnaire territoriale et co-fondatrice du collectif "Le sens du service public". "Face à l'impasse politique et budgétaire on nous ressert cette vieille recette, malheureusement ce n'est pas une solution pour le problème actuel".
Et si l'on recense près de 62.000 fonctionnaires de plus, cette augmentation est "portée par la fonction publique hospitalière, les besoins sociaux et les attentes de la population", assure la fonctionnaire territoriale. "Et on est même très loin des besoins", prévient-elle.
"On va faire des choix dans l'urgence avec des impacts à court et moyen terme importants, mais avec le risque que les économies budgétaires ne soient pas à la hauteur de celles escomptées", ajoute Emilie Agnoux.
La ministre des comptes publics Amélie de Montchalin dit de son côté attendre de chaque ministère des propositions "sincères, responsables, crédibles et à la hauteur de l'enjeu".