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"Le système s'effondre": l'émotion d'une urgentiste face à la crise de l'hôpital public

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Médecin urgentiste à Laval, Caroline Brémeau dénonce la situation de l'hôpital "dangereux" pour les patients alors que le système de santé "s'effondre".

Cinq ans après la pandémie de Covid-19, l'hôpital français est toujours à l'agonie: "Le système de santé s'effondre, c'est clair et net", alerte ce mercredi sur RMC et RMC Story Caroline Brémeau, médecin urgentiste à l'hôpital de Laval (Mayenne) et auteure de Etats d'urgences, le quotidien d'une médecin en lutte pour l'espace public.

"Il y a des choix à faire, je fais des gardes sans Smur (Service Mobile d'Urgence et de Réanimation) parfois, on arrive le matin, on ne sait pas quelle sera l'organisation", prévient la médecin. "C'est partout pareil, Laval n'est pas une exception".

À ses débuts comme urgentiste, Caroline Brémeau pouvait compter sur au moins un autre médecin avec elle. Mais aujourd'hui, "la plupart du temps, je suis toute seule", souvent dans des situations critiques.

"Cela m'est arrivé sur une garde, pendant les deux dernières heures il n'y avait aucun service d'urgence ouvert en Mayenne. On est obligé de transporter les patients beaucoup plus loin et on commence à voir des situations délétères pour le patient", ajoute la médecin.
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"On a la boule au ventre"

Cette situation est parfois à l'origine de drames: "Parfois quand il manque une équipe de Smur, on part pour aller trop loin et on sait que quand on va arriver ça va être trop tard. On est censé être à moins de 30 minutes d'une équipe médicale et ce n'est plus le cas dans beaucoup d'endroits. Quand on part pour 45 minutes de route pour un arrêt cardiaque, on sait qu'on va arriver trop tard".

"On a la boule au ventre avant de partir. C'est rageant, on ne devrait pas vivre ça. C'est terrible d'avoir cette sensation de passer à côté du soin réel", ajoute Caroline Brémeau très émue.

Son objectif aujourd'hui, "dénoncer un système qui s'effondre", assure celle qui se veut être "une lanceuse d'alerte" et que la situation est plus forte que son devoir de réserve. Car après chaque garde, elle rentre "épuisée" tandis que ses "collègues sont abattus": "Les patients nous redonnent force et espoir pour continuer le combat et j'ai envie que le grand public se rende compte ce qu'est un système de santé qui peut être performant et qui s'effondre".

Pour inverser la tendance, elle appelle "à une réorganisation totale du système de santé et pas de simples petites mesures, il faut retravailler sur tous les métiers". À commencer par le travail des infirmières et infirmiers en permettant un élargissement des possibilités de début de soin. "Il faut encadrer les actes qu'on leur demande de faire pour ne pas avoir de dépassement de tâches".

G.D.