"Pas envie de me foutre dans le rouge": moins de boulangeries ouvertes ce 1er-Mai par peur de sanctions

D’après la confédération des boulangers, il y aura beaucoup moins de boulangeries ouvertes ce jeudi 1er-Mai par rapport aux années précédentes. Théoriquement, pour la fête du travail, ces commerces sont, comme les autres activités non-essentielles, empêchés par la loi de faire travailler leurs salariés.
Si beaucoup de boulangers faisaient fi de cette interdiction les années précédentes, le coup de projecteur sur ce phénomène, ces dernières semaines, semble en avoir refroidi plus d'un. Des boulangers qui ont parfois découvert qu'ils étaient dans l’illégalité et qui préfèrent fermer boutique pour éviter toute sanction.
Mercredi, Serge Combarieu a prévenu les clients de sa boulangerie en prévision de cette journée. Il a toujours été ouvert le 1er mai, sans savoir qu’il était dans l'illégalité. Alors cette année, il ne veut pas risquer d’amende.
“Si je prends 700 balles par employé, ça fait près de 8000 euros. Quand tu fais deux recettes autour de 4000, je n’ai pas envie de me foutre dans le rouge pendant deux-trois semaines parce que j’ai voulu faire le malin et ouvrir”, assure-t-il.
Un manque à gagner pour les employés
Et forcément, prendre cette décision au dernier moment a chamboulé l’organisation de Grégory Lacolonge. “Ça, ce sont les baguettes traditions qu’on prépare pour les restaurateurs donc on en fait un bon volume aujourd’hui”, appuie-t-il.
Les employés travaillent donc plus mercredi, alors qu’ils travaillaient le 1er mai dans cette boulangerie.
“Pour eux, c’était une très belle journée. À travail égal vous étiez payés double. Ça reste des salaires modestes donc quand il y a un bonus à la fin du mois, vous êtes contents”, souligne-t-il.
Malgré tout, certaines boulangeries ouvriront bien malgré les risques. C'est le cas de Maïlys Dupouet, co-gérante de la boulangerie Joly à Rocheservière en Vendée. Elle avait été contrôlée dans sa boulangerie l'année dernière. "On a pris la décision d'ouvrir mais sans nos salariés. Ils auraient bien aimé venir mais on a perdu assez de temps l'année dernière avec le tribunal etc. Nous nos salariés ils sont payés double donc forcément ça les intéresse de travailler le 1er-Mai", assure-t-il.
D’après Dominique Anract, président de la confédération des boulangers, les professionnels seront beaucoup plus nombreux à fermer boutique aujourd'hui que l’an dernier, mais il affirme soutenir ceux qui resteront ouverts. “De toute façon, on restera derrière tous les boulangers et on accompagnera ceux qui auront des problèmes”, appuie-t-il.
Et cela passera notamment par une aide juridique pour les boulangers restés ouverts et inquiétés.