"Retour à la normale": en Champagne, le repos le dimanche suspendu pendant les vendanges

Un décret passé inaperçu officialise "la suspension du repos le dimanche", pendant la période des vendanges en Champagne. Objectif, permettre de ramasser plus vite le raisin lorsqu'il est mûr. Une bonne nouvelle pour les vignerons tandis que le syndicat dénoncent "un danger" pour les salariés alors que quatre vendangeurs sont morts en 2023 dans les vignes de Champagne.

Dans un décret passé inaperçu et publié le 10 juillet dernier au Journal officiel, la ministre du Travail Catherine Vautrin et le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau ont autorisé la suspension du jour de repos le dimanche pendant la période des vendanges en Champagne. Le but, permettre de ramasser plus vite le raisin lorsqu'il est mûr.

Jusqu'à présent, les vignerons devaient motiver ce choix à l'inspection du travail. Désormais ils n'y seront plus tenus et c'est une bonne nouvelle pour Ophélie Lapie, vigneronne, membre du syndicat général des vignerons de la Champagne, qui emploie une dizaine de vendangeurs chaque année.

“On sait qu’on peut continuer la cueillette sans problème pendant plus de 7 jours. Ça nous libère d’un poids. On n’a plus de questions à se poser. Certaines années, le raisin ne peut pas attendre donc ce décret va nous laisser beaucoup de souplesse dans l’organisation de nos vendanges”, indique-t-elle.

Un avis que partage Christine Sévillano, présidente de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne. Invitée ce mardi matin sur RMC, elle juge que c'est simplement un retour à la normal.

"La vendange, c’est très court, en général, ça dure huit jours. Donc, effectivement, on retire une journée de repos sur un contrat de 30 jours pour un saisonnier, mais en vérité ça ne dure que 8 jours. En réalité, c’est une pratique séculaire, c’est un retour à la normale. Le raisin une fois mûr, il n’attend pas", explique-t-elle.

"On n'est pas esclavagiste, on veut juste fidéliser nos vendangeurs. Si ça restait comme avant, on contournerait la loi. Autant faire des textes clairs ", prévient Christine Sévillano.

Témoin RMC : Christine Sévillano - 16/07

4:41

La problématique de la chaleur

Mais pour la CGT Champagne, cette flexibilité met directement en danger la santé et la sécurité des 120.000 saisonniers, déjà exposés à d'intenses journées de récolte.

“C’est un danger pour les salariés qui peuvent aller jusqu’à 10-12 heures quotidiennement. La journée de repos permettait de remettre un peu à zéro l’organisme. S’il y a des fortes chaleurs comme l’année dernière, ça va être très compliqué”, assure Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint du syndicat

Les fortes chaleurs sont une préoccupation majeure. Quatre vendangeurs avaient perdu la vie l'année dernière dans les vignes de la Champagne.

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours