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Un premier plan social d'ampleur à cause de l'intelligence artificielle: faut-il s'inquiéter?

Une première -mais probablement pas une dernière- en France: un plan social d’ampleur lié à l’arrivée de l’intelligence artificielle. Une entreprise de services basée à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, va licencier la moitié de ses effectifs, plus de 200 personnes, et les remplacer par des algorithmes.

On en parle régulièrement de manière très théorique: la menace de l’IA sur nos emplois. Les premiers cas pratiques commencent à arriver. L'entreprise Onclusive est spécialisée dans la veille médiatique. En clair, c’est une entreprise qui recueille, pour le compte de grandes marques, le nombre de fois où on parle d’elles dans les médias, et qui leur fournit des synthèses, des revues de presse.

Le problème, c’est que compiler, agréger et synthétiser des données, c’est typiquement le genre de tâche que la machine est maintenant capable de faire plus rapidement et plus efficacement. Si vous avez déjà demandé à ChatGPT de vous résumer un texte ou de vous écrire un article, vous comprenez pourquoi.

Ainsi, 217 emplois au total sont menacés chez Onclusive. Un plan social de cette ampleur directement lié à l’IA, c’est une première en France, mais à l’étranger les cas se multiplient, dans de nombreux secteurs. De grands groupes technologiques, comme IBM, qui veut supprimer 30% de ses 26.000 employés administratifs et les automatiser grâce à l’IA. Des groupes de médias, comme Axel Springer, qui veut automatiser les postes de certains journalistes et techniciens des médias.

Dans la relation client aussi, comme ce chef d’entreprise qui a fait polémique il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux en annonçant fièrement qu’il allait supprimer 90% de ses effectifs par un chatbot. Et ce n’est que le début.

On ne parle même pas des cas, plus extrêmes, où c’est carrément l’intelligence artificielle qui licencie ! Aux Etats-Unis notamment, on commence à voir émerger des algorithmes de "cost killing", qui vont, en analysant les données de l’entreprise, déterminer qui est productif ou qui ne l’est pas.

Estelle Denis donne rendez-vous aux auditeurs de RMC et téléspectateurs de RMC Story pour son talk-show d’opinions et de débats. Toujours accompagnée de Fred Hermel, Emmanuelle Dancourt, Périco Legasse, Estelle Denis et sa bande s’invitent à la table des Français pour traiter des sujets qui font leur quotidien. Nouveauté cette saison, l'humoriste Vincent Seroussi viendra nous expliquer ce qu'il n'a pas compris dans l'émission dans « Seroussi n'a pas tout compris ». « Estelle Midi », c’est de l’actu, des débats, des coups de gueule, des coups de cœurs, des infos et un zapping des meilleurs moments entendus sur RMC.
On n'arrête pas le progrès : Un plan social à cause de l'intelligence artificielle - 18/09
5:30

Près de la moitié des Français disent craindre que leur emploi ne soit remplacé par une IA: ont-ils plutôt raison d’avoir peur?

Nuançons un peu: qu’il y ait des destructions d’emploi, c’est inévitable, comme avec toute révolution technologique (comme la robotisation dans les usines, qui ne choque plus personne). Ce que montre une récente étude de l’OIT, l’Organisation internationale du travail, c’est qu’en réalité, peu de métiers vont être complétement remplacés par l’IA.

Il y a beaucoup de métiers, manuels notamment, que l’IA ne pourra pas remplacer. Tous les algorithmes du monde ne pourront pas réparer une fuite d’eau. Et avant de confier vos cheveux à un robot coiffeur nourri à l’IA, je pense qu’il va se passer un peu de temps...

Même en sortant de ça, les plus menacés sont les emplois de bureau, où un quart des tâches sont considérées comme très exposées et la moitié comme moyennement exposées. Pour le reste des métiers, le risque est beaucoup plus faible. La plupart des métiers vont être, non pas remplacés, mais augmentés par l’IA, du médecin qui va être aidé pour poser un diagnostic, aux profs qui vont pouvoir personnaliser l’apprentissage des élèves en utilisant l’apport de l’IA, à des ingénieurs, pour optimiser la conception de nouveaux produits ou résoudre des problèmes techniques plus rapidement. Ils ne seront pas remplacés pour autant, juste rendus plus efficaces par l’IA. A condition d’accepter le changement et de se former.

Egalement des créations d'emplois?

Certains estiment que l’IA pourrait créer plus d’emplois qu’elle n’en détruit. On pense aux emplois qui vont disparaître, mais on ne réfléchit jamais aux nouveaux métiers qui vont apparaître et dont on n’a même pas encore idée. Comme le fait remarquer cette même étude, il y a 20 ans, il n’y avait pas de community managers, de pilote de drone civil, de data scientist, de développeurs d’applications mobiles, il y a 30 ans, aucun web designer ou expert en sécurité informatique, et personne n’aurait pu imaginer la déferlante de nouveaux métiers liés à internet, puis aux smartphones, aux réseaux sociaux. Près de 60% des emplois de 2018 aux Etats-Unis n’existaient pas dans les années 40.

Anthony Morel (édité par J.A.)