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Trop de monde au ski: la question de quotas dans les stations n'est plus taboue

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Faut-il instaurer des quotas dans les stations de ski pour limiter l'afflux massif de touristes, notamment durant les vacances scolaires? Certaines stations se posent la question, notamment en haute montagne où les touristes se ruent au vu du manque de neige en basse altitude.

C'est déjà le début des vacances scolaires ce vendredi 9 février, pour la zone C. Les stations de ski s'attendent à une arrivée importante des touristes dans les prochains jours. Mais jusqu'à quand pourront-elles accueillir autant de monde? Avec le mauvais enneigement des stations de basse et moyenne altitude en ce moment, beaucoup de skieurs se rabattent sur la haute montagne. Et certaines stations arrivent presque à saturation.

A tel point que des limitations sur les pistes sont envisagées. Comme à L'Alpe d'Huez (Isère), où la fréquentation est en hausse de 15% alors que l'hiver 2023 avait déjà été record.

"On est habitués à que ce soit accessible à tous"

Il y faut en effet un peu de patience aux télésièges les jours d'affluence. Les skieurs l’avouent eux-mêmes: les week-ends sont très encombrés sur les pistes. Mais si certains ne sont pas opposés à l’idée de restreindre l’accès, d’autres émettent plutôt des réserves.

"On est habitués à ce que la montagne soit accessible à tout le monde", assure un touriste. "Il faudrait juste être prévenus à l'avance si c'est complet car ce serait dommage de faire de la route pour rien", nuance une autre.

Une concentration de monde qui a aussi des conséquences médicales, avec plus de 120 passages les jours les plus chargés à la maison médicale.

"On sera peut-être amenés à limiter"

Faudrait-il donc mettre en place des quotas? "Cela peut avoir du sens, on ne peut pas être des milliers et des milliers sur les pistes", confie un skieur sur place.

Le sujet n'est pas tabou pour Jean-Yves Noyrey, le maire et président des remontées mécaniques de L'Alpe d'Huez, qui veut d’abord arrêter les promotions sur les forfaits, avant d’envisager des restrictions.

"Peut-être qu'il faut dire qu'on va répondre d'abord à la demande de ceux qui habitent chez nous, qui ont un forfait saison, qui louent dans la station... On sera peut-être amenés à limiter ou dire qu'on ne prend que 1.000 personnes à la journée en réservant à l'avance", avance-t-il.

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Jean-Luc Boch, président de l’association nationale des maires de stations de montagne et maire de La Plagne, en Savoie, semble être dans le même état d'esprit. "L'offre se restreint car les stations de basse altitude n'arrivent plus à subvenir aux besoins de la clientèle, et on ne pourra pas agrandir les pistes éternellement", concède-t-il.

Mieux répartir les skieurs?

Du côté de l’exploitant, pas question de limiter, assurant que les stations peuvent améliorer leur efficacité. Avec un forfait journée, un skieur n’utiliserait que 5 à 15% du domaine. La technologie pourrait ainsi venir en aide pour une meilleure répartition des skieurs sur les domaines.

"On a de la place, et il faut à guider tout le monde au travers d'itinéraires, ce qu'on est en train de faire avec nos applications", confirme Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group, exploitant du domaine de L'Alpe-d'Huez.

Autre possibilité: accélérer ou mieux remplir les remontées. Une autre marge de manœuvre pour éviter de limiter le nombre de touristes.

Estelle Henry (édité par J.A.)