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"Une angoisse permanente": 1.500 communes font face à des difficultés pour s'assurer

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Près de dix mois après les émeutes qui ont touché la France, de nombreuses communes se retrouvent sans compagnies d'assurance, car ces dernières ne veulent plus les assurer. Cela concernerait 1.500 villes selon un rapport mené par le maire de Vesoul.

"C'est une angoisse permanente." Maire de Denain, dans le Nord, Anne-Lise Dufour-Tonini vit dans la peur quotidienne car sa commune n'est plus assurée depuis le 1er janvier 2024. Après avoir subi près de 600.000 euros de dégâts pendant les émeutes, sa ville ne trouve plus d'assureur, parce que plus personne ne veut prendre ce risque.

"À chaque fois que j'entends des sirènes de pompiers dans la ville, je me demande où ça brûle et ce qui est en train de se passer", confie Anne-Lise Dufour-Tonini.

Selon un rapport mené par le maire de Vesoul, Alain Chrétien, que RMC a pu consulter, 1.500 communes seraient dans le même cas et se retrouveraient face à des difficultés pour s'assurer.

"Ce phénomène a commencé dans les années 2010, mais ça s'est accéleré avec les problèmes climatiques et naturellement les émeutes de l'été 2023. On a des communes sans assurance aux dommages aux biens", précise Alain Chrétien, invité d'Apolline Matin, ce vendredi sur RMC et RMC Story.

Des services publics menacés?

Pour ce maire, la situation est aussi "très anxiogène" parce que "nous ne sommes pas des clients comme des autres, nous devons gérer des services publics". Un point sur lequel le rejoint Christian Métairie, maire d'Arcueil en région parisienne.

"Il en est de la continuité du service public. Si une commune n'est plus assurée et qu'il y a une école qui brûle, il n'y a plus d'école dans la commune. C'est inenvisageable."

Cette situation provoque "incompréhension, sidération et colère" pour de nombreux maire, selon Alain Chrétien. Ce dernier a réussi à assurer sa commune de Vesoul, mais en y mettant le prix fort.

"On a réussi à retrouver une assurance mais avec des conditions beaucoup plus sévères, avec des hausses de cotisations. Par exemple, je payais 25.000 euros pour assurer la flotte automobile de la ville, maintenant j'en paye 90.000 alors qu'il n'y avait pas de sinistralité excessive", raconte-il au micro de RMC. Selon l'association des maires de France, de plus en plus de communes voient leurs contrats résiliés ou revus drastiquement à la hausse comme à Vesoul.

La création d'un "fonds émeutes"?

Pour solutionner ce problème, le rapport envisage la création d'un "fonds émeutes", sans clairement en définir les contours. Le maire d'Arcueil, Christian Métairie, souhaite "qu'au niveau national, des solutions soient trouvées". Anne-Lise Dufour-Tonini fait, elle, appel à la solidarité de "l'ensemble des communes".

La solution pourrait venir, selon Alain Chrétien, soit "d'un fonds qui existe déjà, la dotation de solidarité aux événements climatiques", qui pourrait être "plus important pour qu'il vienne protéger les maires face aux dégâts climatiques excessifs". Concernant les émeutes, qui "ont accentué la situation", le maire de Vesoul propose d'élargir les contours de la taxe attentat: "On paie tous une taxe attentat aujourd'hui. Nous proposons d'élargir cette taxe attentat aux émeutes. Il y a un fonds qui existe déjà, que nous alimentons chaque année nous tous, et qui est censé réparer les dégâts en cas d'attentat de grande ampleur".

"Pour que les assureurs aient une garantie, si ces événements se reproduisaient, ils pourraient prendre sur cette taxe et ce fonds pour rembourser les communes", ajoute-il.

Contacté par RMC, France assureurs, qui regroupe les principaux professionnels du secteur, se dit prêt à travailler avec les collectivités tout en réfutant l'idée que le nombre de communes assurées soient en baisse.

T.R.C avec Nicolas Ropert