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Bilan des émeutes: le Sénat dresse le portrait type de l'émeutier

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Une mission d'information du Sénat a dressé le portrait type de l'émeutier et propose 25 solutions concrètes pour éviter de nouvelles émeutes alors que les dégâts de celles de l'été dernier sont estimés à 1 milliard d'euros.

Plusieurs mois après les émeutes consécutives à la mort de Nahel, un rapport du Sénat dresse le portrait de l'émeutier type. C’est un homme, de nationalité Française, âgé de 23 ans en moyenne, souvent hébergé par ses parents, généralement scolarisé ou bien en activité professionnelle plutôt qu’au chômage, ayant un niveau de diplôme de niveau secondaire, maximum baccalauréat. Plus précisément, 91% des auteurs sont des hommes, 71% sont de nationalité française. Voilà le profil type de l'émeutier de juin dernier, selon le rapport sénatorial. Ce n'est donc pas un profil aussi marginalisé que l’on pouvait le penser.

"L’excuse de l'exclusion sociale doit être nuancée", disent les sénateurs.

3.500 personnes ont été interpellées lors de ces émeutes il y a bientôt un an. Un tiers était des mineurs et 60% étaient des primo-délinquants, ils n’avaient jamais été condamnés auparavant.

En ce qui concerne les motivations, c‘est bien sûr la mort de Nahel, tué à bout portant par un motard de la police, l’élément déclencheur. Et au départ, les émeutiers n’avaient pas d’autres revendications que d’exprimer leur colère.

Les émeutiers étaient préparés

Mais les sénateurs apportent un élément nouveau. Ils estiment, après enquêtes, que plusieurs endroits du territoire étaient prêts pour des affrontements avec les forces de l’ordre. Des stocks de mortiers de feu d’artifice avaient été constitués dans des quartiers avant même la mort de Nahel.

Ils ont aussi constaté que les leaders étaient coordonnés et organisés, qu’ils avaient des cibles et des modus operandi semblables d’un quartier à l’autre. Enfin, ils se sont beaucoup appuyés sur les réseaux sociaux pour diffuser leurs appels à attaquer les commissariats, et dans un deuxième temps, les écoles.

Bilan des dégâts: 1 milliard d'euros

C'était une flambée de violence inédite. En quelques nuits d'affrontements, il y a eu plus de blessés et plus de dégâts que lors des grandes émeutes de 2005 qui avaient, elles, duré trois semaines.

Et les chiffres révélés par ce rapport sénatorial sont impressionnants. Les affrontements ont fait deux morts parmi les émeutiers, à Marseille, et à Cayenne. Il y a aussi eu plus d’un millier de blessés, la plupart parmi les forces de l'ordre. 674 policiers et 108 gendarmes ont été blessés plus ou moins gravement. 

Ils ont comptabilisé 2.500 bâtiments dégradés, dont 105 mairies et 273 écoles. 1.500 commerces vandalisés ou pillés, dont 436 débits de tabac, 200 supérettes, 118 opticiens. 12.000 voitures incendiées dont de nombreux véhicules de police.  

Tout cela a coûté un milliard d’euros, dont 793 millions à la charge des assureurs. C’est quatre fois plus que lors des émeutes de 2005.

Les sénateurs font des propositions pour l’avenir

Les sénateurs n’ont pas voulu tourner la page sans étudier en détail ce qui s’est passé et faire des propositions pour mieux réagir la prochaine fois. Ils ont donc fait 25 propositions très concrètes.

Entre autres, une meilleure formation des policiers au tir et à l’usage des armes dans un contexte de guérilla urbaine. Davantage de stock de munitions, car des policiers se sont retrouvés encerclés dans des commissariats, à court de grenades lacrymogène et de balles en caoutchouc. Mais aussi plus de recours aux drones et aux caméras de vidéosurveillance, plus de caméras piétons sur les policiers pour fournir des preuves et prévenir les bavures.

Et puis, le rapport propose une solution innovante. L’utilisation de marquage codés, c'est-à-dire l’aspersion de produits indélébiles qui identifient la présence d’une personne en un lieu donné. On peut par exemple asperger une foule de pillards avec un canon à eau devant un supermarché.

Les sénateurs envisagent aussi d'autres décisions qui peuvent faire polémique. Comme par exemple la censure des réseaux sociaux, ou en tout cas le blocage de certaines fonctions au moment des crises.

Le rapport sénatorial conclut que rien ne permet d’affirmer que ces émeutes ne se reproduiront pas dans un proche avenir.

SG avec Nicolas Poincaré