RMC
Actualités

Éric, agriculteur: "J'ai abandonné l'agriculture intensive au profit du bio et je suis heureux"

Cette semaine, RMC vous donne rendez-vous chaque matin avec des éleveurs, agriculteurs, producteurs qui ont trouvé des solutions pour innover et lutter à leur manière contre la crise.

Cette semaine, RMC vous donne rendez-vous chaque matin avec des éleveurs, agriculteurs, producteurs qui ont trouvé des solutions pour innover et lutter à leur manière contre la crise. - Georges Gobet - AFP

VOUS VOULEZ QUE ÇA BOUGE - Cette semaine, RMC vous donne rendez-vous chaque matin avec des éleveurs, agriculteurs, producteurs qui ont trouvé des solutions pour innover et lutter à leur manière contre la crise. Ce jeudi, RMC a rencontré un éleveur heureux. Son secret : avoir abandonné l'agriculture intensive au profit du bio.

"Coucou les filles !". Au milieu de ses 85 vaches, Eric rayonne. Oui, il est heureux. Cet agriculteur normand, qui s'est lancé dans l'élevage de vaches laitières au milieu des années 90 s'est spécialisé dans le bio depuis quatre ans. Un beau jour, il en a eu ras le bol de la production intensive, et de se voir imposer des tarifs toujours plus bas par les coopératives et les industriels. Aujourd'hui, il est totalement autonome. Son lait, il le vend à une marque de yaourt qui lui achète à un très bon prix. Si son secteur d'activité est dévasté par la crise, lui ne se plaint pas.

"Aujourd'hui j'aime bien ce que je fais, je suis content de me lever le matin, assure-t-il à RMC. Ma force c'est que je vends un produit de qualité, et que je n'achète rien, donc je ne dépends de personne".

"Avant je travaillais pour les autres, pas pour moi"

Pour en arriver là, il a fallu changer de paradigme et remettre en question ce qu'il appelle les anciennes méthodes. "J'ai repris l'exploitation en 1995, et j'ai fait comme j'avais appris à l'école : de l'agriculture intensive. Mais je me suis aperçu que si je remuais beaucoup d'argent, il ne me restait plus grand chose à la fin du mois. Je travaillais pour les autres, pas pour moi. Ça ne correspondait pas à ce que je voulais, à savoir être indépendant et vivre de mon métier".

Éric a finalement obtenu sa certification agriculture biologique en 2012. Et ses vaches, il les bichonne. Les quelques machines de son exploitation sont réservées à ses vaches. Ici, des brosses "pour que les vaches puissent se frotter. Ça leur apporte un peu de bien-être". Plus loin, l'espace manucure, avec un appareil pour tailler les sabots des animaux. Point de coquetterie ici, pourtant.

"Les vaches ce sont mes collègues de travail. Plus on va leur apporter de confort, plus elles vont produire du lait, donc il y a un retour sur investissement qui est assez rapide", se félicite-t-il.

"Un contrat indépendant des variations du marché"

L'agriculteur, discret sur ses revenus, dit gagner suffisamment pour vivre. Le contrat qu'il a signé avec une filiale bio de Danone le préserve des variations des marchés. "C'est un contrat qui vise à rémunérer les éleveurs par rapport au cout de production et beaucoup moins sur les fluctuations du lait au niveau européen ou mondial, explique Christophe Audouin, directeur général de la marque Les 2 Vaches. Ça donne une stabilité de prix qui permet à nos éleveurs de s'inscrire dans la durée, et de prendre des engagements, investir, embaucher, pour développer leur exploitation agricole". Un modèle gagnant-gagnant, en somme.

S'il ne partage pas les difficultés et le désespoir de certains de ses collègues, cela n'empêche pas Éric de se montrer solidaire. Mais pour lui, le salut ne peut venir que de l’autonomie vis-à-vis des coopératives et des industriels.

"Il faut rester optimiste mais il faut que les agriculteurs apprennent à rester maitre de leur exploitation. Il faut qu'ils reprennent leur autonomie, et se fassent respecter".

Preuve supplémentaire de sa réussite, l’agriculteur compte embaucher un second employé dans les prochains mois. Deux bras supplémentaires pour bichonner encore plus ses vaches.