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Foodora quitte la France: "On se dirige vers l’apogée de la rémunération à la course"

Alors que la société de livraison de repas à domicile Foodora a annoncé jeudi son retrait de plusieurs pays, dont la France, les livreurs s'inquiètent pour leur avenir. Selon les syndicats, cette disparition va entraîner une dégradation de leurs conditions de travail.

C’est une nouvelle que les livreurs de repas à domicile ont du mal à digérer. L’un de leurs principaux employeurs, Foodora, va se retirer du marché français. En France, Foodora fait travailler plus de 1.500 coursiers, qui s’inquiètent désormais pour leur avenir. 

Aujourd’hui, chaque plateforme a un système de tarification qui lui est propre. Si Deliveroo et Uber Eats rémunèrent à la commande, Foodora est la dernière plateforme à payer avec un fixe horaire. Le seul système qui garantisse un minimum de sécurité pour les livreurs. 

"Les livreurs vont tomber de haut"

Pour Jérôme Pimot du collectif des Livreurs Autonomes de Paris (Le Clap), le départ de Foodora marque la fin d'une plateforme qui rémunérait correctement les livreurs, et donc l'obligation pour les livreurs de recourir désormais à des plateformes qui paient à la course. 

"Les livreurs de chez Foodora souvent ont connu la faillite de Take Eat Easy, ça rappelle de mauvais souvenirs", explique-t-il. "Foodora est la dernière plateforme qui payait avec un fixe horaire. Si Foodora s’en va, c’est la fin de la rémunération horaire, donc ce sera vraiment l’apogée de la rémunération à la course", redoute-t-il.
"C’est dommage qu’une plateforme qui payait encore à l’heure, qui avait encore cette façon de faire, disparaisse. Ceux qui bossent uniquement pour Foodora, justement parce qu’ils sont attachés au tarif horaires, vont tomber de haut. Parce que travailler à la tâche, ça veut dire être payé quand on roule, avec tous les dangers qui vont avec."

"Les autres plateformes vont en profiter pour baisser les rémunérations"

Pour Arthur Hay (se prononce Haie), coursier à Bordeaux et secrétaire général CGT du syndicat des coursiers à vélo de la Gironde, il y a deux inquiétude chez les livreurs: la perte d'une plateforme qui leur garantissait un revenu et l'obligation de se tourner vers d'autres plateformes qui vont baisser leur rémunération.

"1.500 coursiers en France, qui avaient accès au planning, n’auront plus d’heures chez Foodora", regrette-t-il. "Donc ensuite ça veut dire aller frapper à la porte des autres plateformes qui, en général, quand elles ont cette position de pouvoir de recruter des gens massivement, en profitent pour baisser les rémunérations.
Donc en fait ça voudrait dire perdre son travail d’un côté et être obligé d’aller accepter des conditions bien pires ailleurs. Vu que nous ne sommes pas protégés par le statut du salariat, quand on est faible, on est moins bien payé. Donc tout le monde a peur de ça", analyse-t-il.
Bourdin Direct