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Attaque du Capitole: pourquoi la Commission parlementaire conclut à une tentative de coup d'Etat

Le 6 janvier 2021, des partisans de Donald Trump étaient entrés dans le Capitole au moment où le Congrès allait annoncé les résultats de l'élection présidentielle et la défaite de Donald Trump. Jeudi soir, les chaînes américaines ont diffusé en direct les conclusions de la comission qui a statué sur une tentative de coup d'Etat.

Les Américains ont découvert jeudi soir les conclusions de la Commission parlementaire sur l’attaque du capitole le 6 janvier 2021. Les travaux de cette commission d'enquête ont été retransmis en direct par presque toutes les télévisions américaines.

C’est une sorte d’OVNI télévisuel qui vient d'être diffusé en prime time. À la fois une commission d'enquête parlementaire, avec des témoins qui prêtent serment, et en même temps un show télévisé, avec des images inédites et des montages des centaines d’auditions qui ont déjà eu lieu depuis un an. Autrement dit, cela ressemble à la fois à un procès et en même temps à un documentaire. Un mélange des genres qui se veut pédagogique, mais qui laisse un peu un arrière-goût de propagande. Le tout réalisé par une commission qui n’est pas neutre politiquement puisqu’elle est composée de sept démocrates sur neuf.

Sur le fond, c’est surtout le procès de Donald Trump, le procès de ce jour où tout a failli basculer. Ce six janvier 2021, des milliers de partisans de Donald Trump, à sa demande, avaient marché vers le Capitole, et avait finalement réussi à pénétrer dans le bâtiment au moment où le Congrès allait certifier les résultats des élections.

Le président de la commission d'enquête a donc présenté cette nuit les premiers résultats d’un an de travail, de plus de 1000 auditions, de l’analyse de quelque 140.000 documents, mails et SMS.

La conclusion de ce travail, c’est que c’était bien ce jour-là, une tentative de coup d'État. Une conspiration extrêmement large, extrêmement bien organisée. Et Donald Trump était au centre de ce complot. On a rappelé que c’est lui qui le 19 décembre avait appelé à ce rassemblement sur Twitter en écrivant: “Venez nombreux, ce sera sauvage”.

Un acte prémédité

Des images inédites ont été diffusées. Elles montrent les préparations de l'insurrection. Ce sont des images tournées par un Anglais auteur de films documentaires. Ce jour-là, il suivait le groupe des Young Boys. Une organisation para-militaire de suprémacistes blancs, masculinistes. Ils étaient entre 250 et 300, en civil, c'est-à-dire sans leur tenue habituelle, et on les voit prendre position aux abords du congrès, bien avant l’appel de Donald Trump à marcher sur le Capitole. C’est une preuve par l’image de la préméditation de l’acte.

Le documentariste anglais est venu témoigner qu’il avait assisté le matin à la rencontre du leader des Young Boys avec celui d’une autre organisation d'extrême droite pour unir leur force. Les images montrent ces militants radicaux lancer des appels au mégaphone pour que le vice-président Mike Pence soit pendu.

Le vice-président était au centre du jeu ce jour-là. Il s'apprêtait à certifier les résultats de l'élection présidentielle. C'est-à-dire à officialiser la défaite de Donald Trump. Or, tout l’objet de cette journée d'insurrection, c'était d'empêcher cela.

Ce que le président de la commission a résumé ainsi: "La violence n’était pas un accident, c’était le seul moyen pour Donald Trump et ses partisans de garder le pouvoir".

Donald Trump, le 6 janvier, avait mis beaucoup de temps à réagir. Exactement 187 minutes. C’est-à-dire trois heures et trois minutes. Donald Trump avait tenu un meeting en début d'après-midi et appelé ses partisans à marcher sur le Congrès. Puis il est rentré à la Maison Blanche et il a regardé la télévision pendant trois heures sans rien dire.

La commission d'enquête a retrouvé tous les messages qui lui étaient envoyés par ses amis républicains le suppliant de demander à ses partisans de quitter le Capitole. Ce qu’il a fini par faire, mais très tard et sans les condamner. On a aussi appris cette semaine que Donald Trump a, un moment, envisagé de se rendre lui-même au Congrès. Ses services de sécurité avaient étudié un moyen de lui frayer un passage au milieu des manifestants ou bien de le faire passer par des souterrains, avant finalement de renoncer à cette folie.

Donald Trump, bien sûr, conteste les travaux de cette commission. Il a qualifié de voyous les neuf membres de la commission. Le milliardaire, il ne faut pas l’oublier, envisage toujours d'être candidat en 2024.

Nicolas Poincaré