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Des avions de chasse pour l'Ukraine: "l'Ukraine ne peut pas reconquérir son territoire toute seule", selon Nicolas Tenzer

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Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir l'envoi d'avions de combat Mirage 2000-5 en Ukraine. Pour Nicolas Tenzer, professeur de géostratégie à Sciences Po, c'est un pas supplémentaire dans le soutien à l'Ukraine.

A l'occasion de la commémoration des 80 ans du Débarquement ce jeudi, Emmanuel Macron s'est exprimé aux JT de 20h de France 2 et TF1, et a notamment annoncé céder des avions de combat Mirage 2000-5 à l'Ukraine.

Pour le professeur de géostratégie à Sciences Po Nicolas Tenzer, invité d'Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story, "les Ukrainiens en ont absolument besoin pour se défendre". Une bonne nouvelle donc, selon lui, car: "si l'on veut résister aux forces russes, il faut être capable de frapper le dispositif ennemi dans la profondeur. Et quel meilleur moyen de frapper dans la profondeur que d’avoir des avions, des missiles à longue portée, c’est ça la combinaison véritablement gagnante".

Nous allons jusqu'au bout dans la défense de l'Ukraine, enfin", se réjouit-il.

Il n'y a pas encore assez d'avions sur place

L'auteur de Notre guerre. Le crime et l'oubli : pour une pensée stratégique, nuance tout de même, car "nous ne donnons pas encore tous les moyens à l'Ukraine pour gagner". Il manque plusieurs choses, explique-t-il. D'abord, "Ies avions c'est très bien, mais il y en a encore très peu".

Récemment, la Belgique a aussi annoncé la livraison d'ici 2028 de 30 avions F-16 à Kiev. Les premiers modèles américains doivent arriver sur le sol ukrainien très prochainement. Ils avaient été promis par les pays européens il y a près d'un an. Mais comme l'explique Nicolas Tenzer, "les américains ne livrent pas d'avions directement". Ces avions sont donnés à un certain nombre de pays européens, qui vont les livrer eux à l'Ukraine, avec l'autorisation des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne se dépossèdent pas de leurs avions, alors que ce serait possible vu le nombre d’appareils qu’ils ont, et sans se mettre en danger, ajoute-t-il.

Mais "l'Ukraine ne peut pas reconquérir son territoire toute seule", ces avions, ça va donc lui permettre "de stopper les offensives, défendre sa population civile qui est attaquée".

"Il faut que l'Ukraine gagne"

Mais ce n'est pas suffisant. Le professeur de Sciences Po se demande: "Est-ce que les Ukrainiens n’auront pas besoin d’un certain nombre de forces occidentales engagées directement?" Des troupes au sol, sans passer par la mobilisation, précise-t-il. Il va encore plus loin: "Est-ce qu’il ne faudra pas que nous-mêmes nous puissions tirer des missiles, qu’il y ait des pilotes français qui puissent viser directement des cibles en Russie?"

Car il le rappelle, l'Ukraine est en droit de se défendre, et les pays européens de l'aider à le faire: "La cobelligérance ça n'existe pas en droit. Les pays alliés qui aident l'Ukraine le font dans un cadre précis qui est l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Il permet à tout pays de se défendre contre une agression unilatérale, ici celle de la Russie et de tous les pays alliés de porter secours à ce pays attaqué".

Il ne s'agit pas aujourd'hui non plus d'attaquer la Russie car c'est elle qui attaque, donc on est dans la défense", détaille Nicolas Tenzer.

L'objectif reste donc de "permettre à l'Ukraine de résister". "On a vu toutes ces attaques qui continuent encore plus violemment sur ces immeubles, écoles, hôpitaux, marchés etc", s'indigne-t-il avant de conclure: "Est-ce qu’on veut donner à Poutine un pouvoir de tuer ? Il faut que l'Ukraine gagne. Si nous voulons être sérieux sur le droit international, crédible et légitime au sein de l'Union Européenne mais aussi de l’OTAN, il va falloir être clair".

Solenn Guillanton