Guerre en Ukraine: bientôt des soldats français sur le terrain? Macron ne dément pas

La France pourrait bientôt annoncer l'envoi de soldats en Ukraine. Des instructeurs militaires pourraient ainsi se rendre sur place pour former les soldats ukrainiens. Et ça pourrait aller plus vite que prévu puisque le président de la République Emmanuel Macron pourrait l’annoncer dès la semaine prochaine à l'occasion de la visite de Volodymyr Zelensky à Paris les 6 et 7 juin pour les cérémonies du 80ème anniversaire du Débarquement.
En fait, ce sont des sources diplomatiques qui ont fait fuiter l’information. Emmanuel Macron, lui, lors de sa visite en Allemagne, a refusé de confirmer: "Je n’ai pas pour habitude de commenter des rumeurs ou des décisions qui pourraient arriver", a-t-il dit. En tous cas, il n’a pas démenti.
Cette hypothèse n'est pas nouvelle. Paris en parle depuis la conférence de soutien à l’Ukraine convoquée par Emmanuel Macron le 26 février dernier. Par ailleurs, la France a déjà formé plus de 10.000 soldats ukrainiens, mais jusqu’à présent sur le sol de l’Union européenne et non en Ukraine. Et depuis l’invasion russe de février 2022, le programme européen d’assistance militaire à l’Ukraine a permis de former 52.000 militaires ukrainiens au total.
Quels types de formation?
Si la rumeur venait à se confirmer, la France enverrait d’abord un nombre limité de personnels (quelques dizaines) pour évaluer les besoins de formation et les modalités de la mission avant d'envoyer plusieurs centaines d'instructeurs.
On parle de formation au déminage, à la maintenance des équipements et à l'emploi des avions de combat qui seront fournis par l'Occident. Il s’agirait également d’entrainer une brigade motorisée ukrainienne. Lundi, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a d’ailleurs vendu la mèche puisqu’il a annoncé avoir signé les documents nécessaires à la venue de ces instructeurs français.
Mais pourquoi vouloir absolument les former en Ukraine ? Pour gagner en efficacité. Et surtout, pour limiter les risques lors des déplacements de troupes.
La France tente de fédérer derrière elle
La France essaie de monter une coalition dont elle prendrait le leadership. Lors de son déplacement en Allemagne, Emmanuel Macron a tenté de convaincre le chancelier Olaf Scholz d’en être, mais Berlin reste très prudent. Les Britanniques seraient intéressés. Les Etats baltes pourraient s’y joindre aussi. La Lituanie, notamment, a, semble-t-il, déjà donné son accord de principe. C’est ce qu’a déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis le 20 mai dernier.
En revanche, l’OTAN n’a pas donné son aval, et ça fera sans doute partie des discussions que le Président de la République aura avec Joe Biden, le 8 juin, lors de sa venue pour les cérémonies du D-Day.
L’Union Européenne non plus n’est pas convaincue: les ministres de la Défense des pays membres se sont réunis mardi sans parvenir à une position commune.
Poutine pas enchanté par l'idée
Car il y a un risque. Ce risque, c'est que Vladimir Poutine considère cette initiative comme une forme de co-belligérance. Le président russe parle même, en pareil cas, d’une nouvelle étape vers un conflit mondial.
C’est d’ailleurs l’argument qu’invoqueront sans doute les oppositions, ici, en France. Pourquoi prendre un tel risque, a fortiori si l’OTAN et l’Union européenne ne nous soutiennent pas officiellement?
Une manière de s'asseoir à la table des vainqueurs
Mais Emmanuel Macron a toujours dit que le combat des Ukrainiens était le nôtre et que la France assurerait un soutien inconditionnel à Kiev.
Surtout, comme l'industrie militaire française est incapable de fournir les munitions et les obus dont les Ukrainiens ont besoin, autant leur envoyer du savoir-faire opérationnel.
Enfin, lorsque viendra le temps des négociations, la France aura ainsi gagné sa place à la table des discussions et ne sera pas exclue de la photo finale.
Et comme tout est politique, cela pourrait aussi permettre au chef de l’Etat de ressusciter ce qu’on appelle "l’effet drapeau" après des élections européennes qui risquent de virer à la Bérézina pour le parti du Président.
Même si une telle décision incombe au Président de la République et à lui seul, il serait à tout le moins logique qu’elle fasse l’objet d’un débat au Parlement, avec ou sans vote.