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"Expliquez-nous": qui est l'officier Français arrêté et mis en examen pour avoir transmis des documents secrets à la Russie?

EXPLIQUEZ-NOUS - Chaque matin, Nicolas Poincaré décrypte un fait d'actualité en direct sur RMC.

Un officier supérieur Français a été arrêté et mis en examen pour avoir transmis des documents secrets à la Russie. Ce lieutenant-colonel français était en poste à l’OTAN, au centre de commandement des forces alliées qui se trouve à Naples en Italie. Il était employé sur la base de Lago Patria, où sont planifiées toutes les opérations du sud de l’Europe, et notamment les manœuvres des navires en Méditerranée. Un sujet très stratégique en ce moment. 

L’alerte a semble-t-il été donnée à la suite d’une rencontre entre ce Français et un officier du GRU, le service de renseignement de l’armée russe. C’est le pendant militaire du KGB. 

L'Armée française a ensuite signalé ses doutes à la justice. Un juge d’instruction a été nommé, une enquête ouverte, et finalement l’officier a été arrêté il y a dix jours. Mis en examen notamment pour intelligence avec une puissance étrangère. Depuis le 21 août, il est détenu à l’isolement à la prison de la Santé à Paris. 

Cet espion présumé âgé d'une cinquantaine d’années, père d’une famille nombreuse, est russophone et russophile avec de lointaines origines dans ce pays. Il y a au sein de l'Armée française un courant pro-russe, souvent les mêmes que ceux qui avaient été pro-Serbes pendant la guerre dans l’ex-Yougoslavie. On sait surtout que cet officier français est officiellement accusé d’avoir a transmis aux services russes des documents hautement sensibles.

Cependant, on risque de ne jamais en savoir beaucoup plus parce que l’Armée et les services secrets sont très forts pour tout verrouiller et c’est normal: c’est leur métier. 

Des affaires verrouillées

Lors de la dernière grosse affaire d'espionnage très récente. Deux anciens agents de la DGSE, ont été lourdement condamnés par la cours d’assise en juillet dernier, 12 et 8 ans de prison. Ce qui prouve que les faits étaient très graves. 

Mais quelles étaient ces faits? On ne sait pas… Comment s’appelaient ces agents? Secret d’Etat. Le procès a eu lieu à huis-clos. On a juste appris que les deux hommes étaient des retraité des services secrets âgés de 69 et 73 ans et qu’ils ont été condamnés pour espionnage au profit de la Chine. 

L’un d’entre eux était tombé amoureux de l'interprète chinoise de l’ambassadeur de France à Pékin. L’agent - amoureux - avait aussitôt été rappelé à Paris. Mais à sa retraite, il était retourné en Chine, avait épousé l'interprète et s'était installé dans le pays. Belle histoire mais cela ne nous dit rien des secrets que ces deux espions auraient livré à la Chine, ni quand, ni comment. 

Avec le temps, les histoires finissent quand même par sortir. Comme l’affaire Farewell, qui date des années 80. C’est la plus grande affaire d'espionnage qui concerne la France, C’est “l’affaire du siècle” avait même dit le président américain Ronald Reagan.

C’est l’histoire d’un agent du KGB de très haut niveau qui aimait la France et détestait son pays l’URSS. Et au début des années 80, il s’est mis à nous fournir une montagne de documents ultra-secrets. Notamment les noms et les couvertures des agents du KGB en France et aux Etats-Unis. Cela n’a duré que 14 mois, mais c’était une mine d’or, et François Mitterrand faisait suivre toutes les infos à Ronald Reagan. Mais cet agent, Vladimir Vetrov, est rapidement devenu fou et parano. Il a tué sa maîtresse parce qu’il avait peur qu’elle le dénonce. Les Russes ont cru à un crime passionnel et l'ont condamné à 12 ans de camps. 

Puis un haut fonctionnaire français a commis une gaffe impardonnable. Par maladresse, il a communiqué aux Soviétiques un document fourni par Vetrov. Les Russes ont alors compris, ils l’ont ramené à la prison de Lefortovo à Moscou et ils lui ont mis une balle dans la tête. C’était il y a quarante ans. 

Les histoires de traîtres se réglaient sans procès. Aujourd’hui, elle se finissent devant les cours d'assise, mais à huis clos.

Nicolas Poincaré