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"Expliquez-nous": une plainte contre le RN en Russie pour un prêt non-remboursé

Le Rassemblement national est attaqué devant la justice russe. Une entreprise lui réclame le remboursement d’un prêt de 9 millions d’euros.

C’est presque un polar politico-financier. Un polar qui raconterait comment le parti de Marine le Pen est aller chercher de l’argent en Russie pour financer la campagne présidentielle de 2017. À la manœuvre pour les Français, Jean Luc Schaffhauser, ancien député européen du Front national et côté russe, Alexandre Babakov, un sénateur ultra nationaliste proche de Poutine. Ensemble, les deux hommes cherchent une banque pour prêter environ 10 millions d’euros au Front national. 

Une première banque accepte, mais fait faillite, une seconde pareille. Puis finalement un très petit établissement, la banque tchequo-russe prête un peu plus de 9 millions d’euros. Marine Le Pen expliquera à ce moment-là qu’elle a été obligée de se financer à l'étranger parce que les banques françaises ne voulaient rien lui prêter.

Mais c’est la suite de l’histoire qui est invraisemblable. La banque tchequo-russe fait faillite à son tour et juste avant fermer, elle revend sa créance, à une société de location de voiture. Puis cette société de location, avant de faire faillite revend à son tour la dette française à une société aéronautique : Avia Zap Chast. Une société d’entretien d’avions et d'hélicoptères civils et militaires. Société dirigée par d’anciens militaires dont un ancien officier du renseignement militaire, le GRU… Et ce n’est pas une coquille vide, c’est une grosse entreprise qui fait un gros chiffre d’affaires notamment avec des commandes publiques. 

Pourquoi une telle entreprise a bien pu racheter la dette du Front national ?

Je ne vois qu’une seule explication : cette entreprise proche du pouvoir aurait pu racheter la dette pour mieux l’effacer. Un cadeau de Vladimir Poutine à Marine le Pen. C’est ce que l’on pouvait soupçonner. Mais visiblement, on a soupçonné à tort, puisque loin d’effacer la dette, les patrons de cette compagnie de réparation d’avion demandent maintenant au contraire le remboursement de toute la somme et poursuivent le Rassemblement national. Le procès devrait avoir lieu à Moscou début juin.

Le trésorier du Front national a expliqué mardi, que le remboursement était en cours, que les intérêts ont déjà été payés. Mais il reconnaît que les 9 millions devaient être remboursés en une fois en 2019 et qu’ils ne l’ont pas été. Visiblement, à Moscou, quelqu’un a décidé de ne plus faire de cadeaux au parti de Marine Le Pen. 

La président du RN qui ne s’est jamais cachée d'être pro russe. En effet, c’est un pays qu’elle aime bien. Elle est allée à Moscou en 2013, en avril 2014, en mai 2015, puis elle a été reçu par Vladimir Poutine en mars 2017, en pleine campagne présidentielle. On sait aujourd'hui qu’au même moment les Russes essayaient de déstabiliser Emmanuel Macron en faisait fuiter ses e-mails de campagne. E-mails intercepté par des hackers militaires russes. 

Les comptes du RN dans le rouge

Marine Le Pen va en Russie et elle défend les positions russes. Au micro de RMC, il y a deux ans, elle avait estimé que l’annexion de la Crimée par la Russie n’était pas illégale. Dans son entourage, plusieurs de ses proches sont de fervents militants pro-russe et pro-poutine. Et certains ne se sont pas cachés de chercher à lever des fonds en Russie pour le parti. C’est le cas de l'élu strasbourgeois, Jean Luc Schaffhauser, par exemple.

Ce remboursement réclamé par les Russes ne va pas arranger les affaires financières du rassemblement national. Le parti est dans le rouge. Son trésorier le reconnaît. Sur l’aide publique annuelle de 5 millions et demi d’euros, le parti de Marine le Pen doit rembourser cette année plus de quatre millions à Jean-Marie Le Pen qui avait avancé de l'argent pour la campagne de sa fille en 2017 malgré leur désaccord. 

La justice a aussi saisi un million sur les aides publiques de cette année en prévision d’une éventuelle condamnation dans l’affaire des assistants parlementaires. Enfin, l’état demande plus de 11 millions d’euros de dommage et intérêt au parti, dans l’affaire du financement de la campagne des législatives de 2012. C’est l’histoire des kits de campagnes que les candidats FN étaient obligés d’acheter. Le procès a eu lieu en novembre dernier. On attend le jugement. Si tous ces jugements devaient être défavorables au Rassemblement National, le parti pourrait se retrouver sur la paille.

Nicolas Poincaré