RMC
International

Guerre en Ukraine: Moscou veut "comprendre d'abord" ce qu'est le sommet de la paix évoqué par Kiev

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. - AFP

L'Ukraine a ouvert la porte à ce que la Russie participe au prochain sommet pour la paix organisé par l'Ukraine. Moscou a répondu avec vigilance, en disant attendre d'en savoir plus sur ce qu'envisage Kiev.

Le Kremlin a réagi avec circonspection, ce mardi 16 juillet 2024, aux propos tenus la veille par la présidence ukrainienne, ouvrant pour la première fois la porte à des pourparlers avec la Russie, comme le rapporte l'Agence France-Presse.

Volodymyr Zelensky a assuré être favorable à la présence de Moscou à un prochain sommet de paix, après la conférence organisée en Suisse mi-juin sur la paix en Ukraine. Un sommet qui avait réuni des dizaines de chefs d'État et de gouvernement, mais dont la Russie avait été exclue.

Le pouvoir russe a répondu avec méfiance. "Le premier sommet pour la paix n'était pas du tout un sommet pour la paix. Donc, visiblement, il faut d'abord comprendre ce que (le président ukrainien) entend par là", a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, dans une interview à la chaîne Zvezda, diffusée ce mardi sur Telegram.

Cessez-le-feu peu probable

Lundi, le président ukrainien a dit vouloir présenter en novembre un "plan" pour "une paix juste", après près de deux ans et demi d'un conflit à grande échelle qui a fait des centaines de milliers de victimes. Dans la foulée, il a dit souhaiter un autre sommet sur la paix en Ukraine auquel Moscou pourra cette fois-ci participer. "Je pense que des représentants russes devraient participer à ce deuxième sommet", a-t-il déclaré.

C'est la première fois, depuis le lancement de l'invasion russe par le président Vladimir Poutine en février 2022, que Volodymyr Zelensky émet l'idée de discussions avec la Russie sans exiger le retrait total de l'armée russe de son pays au préalable. Il avait, par le passé, juré ne pas vouloir discuter avec la Russie tant que Vladimir Poutine y serait au pouvoir, et avait même signé un décret rendant illégales des négociations avec elle.

La Russie a de son côté exclu toute possibilité de pourparlers de paix tant que l'Ukraine ne lui abandonnera pas les cinq régions dont elle revendique l'annexion et qu'elle ne renoncera pas à son alliance avec l'Occident. Il s'agirait alors, de facto, d'une capitulation.

À l'heure actuelle, la Russie occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien. Les perspectives d'un cessez-le-feu, voire d'une paix durable entre Kiev et Moscou, restent pour l'instant minimes.

De précédentes tentatives de dialogue

En 2022, l'Ukraine avait déjà proposé un plan de paix en dix points, soutenu par l'Occident, impliquant le retrait inconditionnel des forces russes du territoire ukrainien. Une proposition déclinée par la Russie. En février 2023, la Chine, alliée de cette dernière, avait présenté son propre plan de paix pour l'Ukraine, sans toutefois que Moscou et Kiev ne s'en emparent pour faire reprendre les discussions.

Interlocuteur privilégié du Kremlin au sein de l'Union européenne, le chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán s'est rendu, au début du mois, dans les capitales ukrainienne et russe, dans l'espoir de faire bouger les lignes. Il s'est attiré les foudres des dirigeants européens. L'issue de l'élection présidentielle aux États-Unis en novembre prochain pourrait jouer un rôle important dans la suite du conflit.

Maxime Ponsot avec AFP