Guerre en Ukraine: pourquoi l’idée d’Emmanuel Macron sur les troupes au sol a viré au fiasco

Depuis lundi, les réactions se multiplient dans le monde entier après les propos d’Emmanuel Macron sur l’Ukraine. Le président français a provoqué une levée de bouclier en n'excluant pas l'envoi de troupes sur le terrain… Et c’est pour cela, à cause de l’unanimité des réactions, que l’on peut parler d’un fiasco.
Emmanuel Macron avait fait un pari. Il partait du constat que l'Amérique risquait de moins s’investir sur l’Ukraine. Ce qui est effectivement un risque. Il pensait que l’heure était venue pour les Européens de plus s’engager pour l’Ukraine et contre la Russie. Il voulait prendre une initiative marquante à l’occasion des deux ans de la guerre. D'où ce sommet de lundi qui a d’abord ressemblé à un succès diplomatique, puisque la France a réussi en un temps record à faire venir à Paris plus d’une vingtaine de dirigeants. Le but était d'envoyer un message fort à Vladimir Poutine et de lui montrer que les Européens étaient unis et déterminés à ne pas le laisser gagner la guerre en Ukraine.
Sauf que ce n’est pas du tout le message qui est passé, parce qu'à 22h lundi soir, Emmanuel Macron a lâché une petite bombe en conférence de presse. Sa fameuse phrase: "Il n’y a pas de consensus pour envoyer des troupes au sol, mais, rien ne doit être exclu".
Un sommet qui restera comme un échec retentissant
Dès le lendemain, Emmanuel Macron s’est retrouvé seul en rase campagne. Tous les alliés rassemblés lundi à l’Elysée l'ont lâché un par un… Les Américains ont très vite fait savoir qu’il n'était pas question pour eux d’envoyer des soldats en Ukraine. L’Otan a précisé qu’il n’y avait aucun plan dans ce sens. L’Allemagne a aussi très mal réagi. Le chancelier Olaf Scholz aurait pu dire comme d’autres: nous n’envisageons pas d’engager nos troupes en Ukraine. Mais il n’a pas dit cela. Il est allé beaucoup plus loin. Il a dit: aucun pays européen et aucun pays membre de l’Otan n’ont l’intention de combattre au sol en Ukraine.
Et de fait, aucun pays européen n’a suivi Emmanuel Macron. L’Espagne, les Pays-Bas, la Suède et même la Pologne ont désavoué le président français. C’est pour cela que l’on peut parler d’un pari raté, puisque l’objectif d’Emmanuel Macron était de menacer Vladimir Poutine, de lui faire savoir que les Européens étaient prêts à lui faire la guerre plutôt qu'à le voir gagner en Ukraine.
Et finalement, c’est le message exactement inverse qui est passé. Tous les Européens ont publiquement affirmé qu’ils n'étaient pas prêts à faire la guerre sur le terrain. Ce sommet de l’Elysée restera comme un échec retentissant…
Pas une première sur la scène internationale
Ce n’est pas la première fois qu'Emmanuel Macron se retrouve isolé. Au début de l’agression russe contre l’Ukraine, il avait tenté sans succès de se placer en médiateur, affirmant qu’il ne fallait pas humilier les Russes, ce qui avait été très mal ressenti par nos alliés. Juste après le 7 octobre, il avait proposé la création d’une coalition contre le Hamas et personne n’avait repris son idée. Avec sa phrase sur les troupes au sol en Ukraine, cela fait donc trois fois.
Depuis lundi, avec Gabriel Attal, il assume. L'Elysée explique qu’il fallait maintenir "une ambiguïté", c'est-à-dire ne rien exclure pour faire planer une menace. Mais on vient de voir que c’est l’inverse qui s’est produit…
Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, a tout de même un peu relativisé en expliquant qu’il s’agissait d’évoquer le possible envoi de démineurs, d’instructeurs ou de gardes-frontières. Ce qui ressemble un peu à un rétropédalage…
Reste maintenant à gérer tout cela sur le plan interne à quelques semaines des élections européennes. Emmanuel Macron a demandé au gouvernement d’organiser un débat suivi d’un vote à l'Assemblée sur la question de l'Ukraine. L'idée est "de faire tomber les masques", de montrer que le Rassemblement national soutient les Russes, alors que le président de la République serait celui qui va le plus loin dans le soutien à l’Ukraine.