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Guerre Israël-Hamas: malgré le tollé, les frappes israéliennes à Rafah se poursuivent

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Alors que la communauté internationale demande la fin des bombardements à Rafah, depuis la frappe meurtrière de dimanche, l'armée israélienne poursuit ses opérations.

Israël a continué de bombarder la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, malgré le tollé provoqué par le bombardement de dimanche sur un camp de déplacés. Ces images de d’un bombardement sur des tentes, avec des dizaines de blessés, brûlés dans le gigantesque incendie, ont provoqué depuis 48 heures une vague de protestation.

Et pourtant, ces condamnations internationales n’ont pas conduit Israël à cesser ses opérations militaires. Des bombardements se sont poursuivis ce mardi sur la ville de Rafah, et même encore tôt ce mercredi matin. L’une d’entre elles aurait tué 21 personnes mardi. C’est ce qu’affirme la défense civile de Gaza, organisme contrôlé par le Hamas.

Les Israéliens démentent ce bombardement qui aurait fait 21 morts et ils affirment qu’ils ne sont peut-être pas entièrement responsables de l’incendie de dimanche dans le camp de déplacés. Les bombes lâchées de 17 kg ne sont pas assez puissantes selon le porte-parole de l'armée. Selon lui, elles pourraient avoir touché un dépôt de munitions du Hamas qui aurait provoqué l’incendie et le lourd bilan de 49 morts et 250 blessés.

La Cour de justice internationale a ordonné la fin des opérations militaires à Rafah

Mais sinon, les Israéliens ne contestent pas ces attaques aériennes sur cette ville de Rafah. Ils insistent sur le fait qu’ils ne visent pas la zone humanitaire protégée, cette zone à la limite de Rafah où ils invitent les civils à se réfugier. Parallèlement à ces bombardements, des chars israéliens sont rentrés ce mardi pour la première fois dans le centre de Rafah. Les blindés ont été vus au principal rond-point du centre-ville. On ne peut pas parler de la grande offensive terrestre qui est redoutée à Rafah, mais d'opérations militaires qui se poursuivent malgré les condamnations.

Mais ces opérations sont illégales. Vendredi dernier, la Cour de justice internationale, la plus haute juridiction de l’ONU, a ordonné à Israël de cesser les opérations militaires à Rafah parce qu'elles peuvent provoquer "la destruction d’un groupe humain". Autrement dit, des Palestiniens qui y vivent. L'ordonnance du tribunal de la Haye exigeait très clairement l'arrêt des combats. Et exigeait du Hamas que tous les otages soient libérés. Aucune de ces deux injonctions n’a été suivie d’effets.

Depuis des semaines, de nombreuses voix s'élevaient pour dire que l'entrée des Israéliens à Rafah pouvait provoquer un carnage. Même Joe Biden en avait fait une “ligne rouge” et avait menacé de suspendre les envois d’armes américaines en cas d’offensive terrestre. On voit aujourd’hui que ni les menaces américaines, ni les condamnations de la justice internationale n’ont eu de prise pour l’instant sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu. La coalition qu’il dirige considère que cette ville est le dernier refuge des dirigeants du Hamas. Et que le mouvement ne sera pas vaincu tant que Rafah ne sera pas contrôlé par l'armée israélienne.

En attendant, la situation humanitaire ne cesse de se détériorer. Le sud de la bande de Gaza est devenu un cauchemar humanitaire. Les familles qui s'étaient réfugiées à Rafah en sont souvent à leur troisième ou quatrième exode. On parle d’environ un million de personnes qui ont fui les combats et qui s’entassent désormais sous des tentes entre Rafah et la mer, dans une vaste zone agricole dépourvue d'installations sanitaires.

L’ONU dénonce leurs conditions de vie insupportables avec le manque de nourriture et d’eau, l'amoncellement des déchets, l’absence d'accès aux soins... Le Suisse Philippe Lazzarini, qui dirige l’Unrwa, l’agence de l’ONU à Gaza, estime que Rafah est aujourd’hui “l’enfer sur terre”.

Nicolas Poincaré