Israël "retarde" la libération de 110 détenus palestiniens après celle de huit otages à Gaza

Libération de deux otages israéliens à Khan Younès (bande de Gaza), ce jeudi 30 janvier 2025. - Eyad BABA / AFP
Le gouvernement israélien a annoncé ce jeudi après-midi avoir ordonné de "retarder" la libération des 110 détenus palestiniens, initialement prévue dans la journée en échange de celle de trois Israéliens, qui étaient retenus en otages dans la bande de Gaza. Ces derniers, ainsi que cinq otages thaïlandais, ont bien été libérés et sont arrivés en Israël.
Les 110 détenus palestiniens incluent 32 condamnés à perpétuité, selon une ONG palestinienne. Les prisonniers libérés, dont 20 seront exilés, étaient attendus à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
"Garantir une libération en toute sécurité"
La raison avancée par le gouvernement israélien étant les scènes de chaos à Khan Younès, lors de la libération de deux otages israéliens. "Le Premier ministre Benjamin Netanyahu [...] a ordonné de retarder la libération des terroristes prévue pour aujourd'hui, jusqu'à ce que la libération de nos otages soit garantie en toute sécurité lors des prochaines étapes", indique un communiqué du bureau de Premier ministre israélien, qui a dénoncé des "scènes choquantes".
Huit otages, dont trois Israéliens et cinq Thaïlandais, ont été libérés de Gaza après avoir été remis par le Hamas à la Croix-rouge dans le cadre du troisième échange d'otages contre des prisonniers palestiniens, depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, dimanche 19 janvier.
Une otage exhibée sur le podium
Agam Berger, une soldate de 20 ans capturée le 7 octobre 2023 alors qu'elle faisait son service militaire près de la bande de Gaza, a été libérée la première par le mouvement islamiste palestinien à Jabalia, dans le nord du territoire, et remise à la Croix-Rouge avant de regagner Israël.
Dans les ruines du camp de réfugiés de Jabalia, les combattants en armes du Hamas, bandeau vert autour du crâne, toujours présents après 15 mois d'offensive israélienne, ont mis en scène la libération d'Agam Berger. Exhibée sur un podium, le visage fermé, la jeune femme a été contrainte de saluer la foule, après avoir reçu un "cadeau" de ses geôliers et un cadre doré portant le "certificat" de sa libération.
A Khan Younès, Israël dénonce des "scènes choquantes"
Quelques heures plus tard, Arbel Yehud, une civile de 29 ans prise en otage lors de l'attaque du Hamas au kibboutz Nir Oz avec la famille de son fiancé, et un Germano-Israélien de 80 ans, Gadi Moses, ont à leur tour été libérés à Khan Younès par le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, au milieu d'une foule bruyante et survoltée.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées dans la ville dévastée par des mois de combats, avant ces libérations organisées à proximité de la maison détruite de Yahya Sinouar, l'ex-chef du Hamas tué par l'armée israélienne.
L'identié des cinq otages thaïlandais a ensuite été dévoilée par Israël. Il s'agit de Watchara Sriaoun, Pongsak Tanna, Sathian Suwannakham, Surasak Lamnau et Bannawat Saethao. Tous travaillaient comme ouvriers dans des kibboutz proches de la bande de Gaza lors de leur enlèvement au cours de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.
Au même moment, à Tel-Aviv, des manifestants portant des portraits des trois otages étaient rassemblés sur la "Place des otages" pour célébrer ces libérations, hurlant de joie, pleurant et s'embrassant.
Quatrième échange prévu samedi
Un quatrième échange est prévu samedi, avec la libération de trois hommes, tous en vie, selon le calendrier annoncé mercredi par Israël. Le Hamas avait cependant averti mercredi que les libérations à venir pourraient être compromises, en accusant Israël de retarder l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza prévue par l'accord de trêve. Israël a démenti.